Il y a bien sûr les arcades. Elles soutiennent tout le corridor ambré qui joue à saute lumière de voûte en voûte.
Viennent des mots, des phrases, par bribes, qui se cognent sur le lisse dune paroi, ou dans les aspérités dune autre, et se figent là, guettant une brèche, puis peut-être une envolée. Sinsinuent aussi des images.
Il y a bien sûr lallée de platanes. Elle supporte tout le bleu du ciel et tend comme un arc de verdure au-dessus de la tête ; dans les yeux mosaïques, la couleur fixe la lumière et lombre, en petites touches frémissantes : Cézanne peint.
Puis cest le chemin de la carrière et léblouissement. On fête ici les noces de la pierre chauffée à blanc avec « un invincible été ».
Il y a aussi sous le soleil et dans le vent, le linge blanc battant pavillon dans le fond du jardin, et larguant les amarres à la moindre occasion. Et la mer à lhorizon.
Dautres images, mais plus tendres, émergent du fond dun vieux bassin...sous un pont japonais. Des nymphéas flottent, indolents, sur une écharpe fluide de reflets moirés....pendant que sy noie un nuage narcisse piégé par léclat du miroir. "Effets du jour, effets du soir ou du matin"....Cette fois encore, sous lil las de Monet, les saisons se chevauchent et se fondent. Cest quil vient honorer linvisible...
Tout semmêle : et les lieux et les ans, et les choses et les gens. Mes souvenirs, mes impressions se brouillent. Il y a distorsion. Et parfois prescription.
En vérité, jaime assez ce désordre. Cette confusion me ravit. Elle allège mon pas. Mon barda est moins lourd.
Il reste bien sûr les arcades. Et savancer sous les arches à petits pas scelle la réconciliation. Désormais rien ne bouge ni ne déroge.
Lélastique du temps pourra sétirer jusquà la brisure, je ne tremblerai pas.
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