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L'hiver... par Annainessa

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L'hiver a été long, coriace, interminable et froids comme tous les murs qu'ils ont repeints en blanc dans mon hôpital, blouse blanche, murs blancs, patients dépenaillés aux vêtements colorés, ils continuent leurs routes sans se soucier du manque d'harmonie qu'on cherche à leur infliger. Journées sombres où la nuit tombait sur nous à peine notre regard levé vers un pâle soleil, trajets de voitures tous les jours entre les camions rageurs et les imprudents, partir, revenir, dormir dans une bulle d'inconscience. Ecouter ces souffrances, rire de bon coeur avec ceux qu'on connaît si bien, quand chacun s'appelle par son prénom marquant le temps passé en ces lieux, tant pour le soignant que le soigné. Brève aventure avec un homme autre, loin de mes habitudes et de ma vie parmi ces désespérés du coeur et oublieux de leurs corps. Est ce le temps qui a trop passé où ces souffrances traversées, je peinais à prendre mon envol dans le renouveau des sentiments, d'un autre corps et d'un esprit riche en chemins de traverses à découvrir. J'étais là mais sans ce qui aurai pu me permettre d'y être vraiment, comme si j'avais perdu en chemin des petites parties de moi, égarée que j'étais dans cette grande forêt, sombre et silencieuse. J'écoute mes patients, leurs angoisses sont parfois les miennes mais je ne le dis pas. Il faut que je retrouve ce que j'ai égaré, je ne sais où chercher, les ponts sont coupés, le puzzle dévasté par une sourde colère, je n'ai plus de digue. Le soir parfois la neige recouvrait mes pas, glissement sur la route, choc de ferraille, la police était juste derrière moi, rien de grave mais l'aurais supporté par ailleurs moi qui tremble comme une feuille au moindre coup de vent. L'hiver est fini...enfin, mes tulipes se hissent vers leurs couleurs, mon chèvrefeuille se prépare ses belles fleurs, océan vers qui tapisse les murs de ma cour dans laquelle les oiseaux viennent se poser, je les entends chaque matin. Du soleil enfin, mes patients offrent leurs visages à la lumière ou s'allongent dans l'herbe vert foncé au milieu des pissenlits, une cigarette au coin des lèvres ou la paume de la main caressant cette terre qui revit. Chacun doit poursuivre son chemin, avec ce qui nous lie ou nous désunit, chaque jour est à réapprendre et à comprendre, pour esquisser une ébauche de vie.

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