"Un commencement est un moment d'une délicatesse extrême". (F. Herbert).
Un brin intéressée, on le serait à moins, je partis à la recherche de mon commencement.
Craignant de faire aboutir mes recherches, je ne savais par où commencer, et ce que j'y trouvai ne me fût guère familier :
"Au commencement était le verbe, et le verbe était dieu."
Que ne resté-je interloquée !
De cette phrase je ne savais que le début, enfin le commencement.
Je ne savais pas qu'il y avait un verbe, enfin, autre que était.
Je veux dire que je ne connaissais pas le verbe. Enfin la suite. Faut dire qu'on ne nous la dit pas ! Ça s'arrête au commencement.
C'est fâcheux cette manie de n'pas faire des phrases.
Enfin non, quand même. Il y a deux "verbe", et deux "était". Ça fait quatre.
Plus un type qui s'balance en bout d'cordée. Qu'est-ce qu'il vient faire là, lui, à la fin ? Enfin non, au début. P't'être un type de la première heure, qui sait. Sûrement pas d'la première genèse.
A toutes fins utiles, vous aurez noté ici que le verbe est aussi le sujet. Ça complique. Je l'avoue.
Mais gardons ceci pour la suite, voulez-vous. Comme une poire pour la soif, tel un sérénissime Francis Blanche dans sa néanmoins célébrissime prophétie : "je préfère le vin d'ici à l'au-delà".
Quant à lui, donc, le commencement est simple. Pour le coup, c'est assez facile à comprendre : le commencement est un commencement.
Ça c'est fait. Enfin façon de parler. On me souffle à l'oreillette qu'au commencement, tout est à faire. Pourtant, c'est un bon début et je m'en réjouis. Devant dieu.
.. Peut-être pas le verbe que j'aurais du employer. Enfin je veux dire, deux fois, c'est redondant ! La redondance se rapporte à la qualité ou à l'état d'être en sur-nombre.
Et aloors ? Il est pas en sur-nombre ici dieu le verbe ??
Trois pater et deux avé, ça suffira. Pour commencer.
Où en étais-je.. ? Ah oui ! Je recommence. Oui enfin, je reprends. Ohlala ce verbe ! Enfin dieu.
Oui parce que si dieu est commencement, m'interrogé-je tout d'un go sautillant, peut-on "prendre" et "reprendre", comme çââ, avec autant d'aisance linguistique le corps du christ sans être taxée de nymphomane, hm ?
A moins d'avoir le verbe haut, je reste sceptique.
Notons toutefois qu'il serait toujours plus aisé, dans le prolongement de la ligne T4 qui relie le jet d'eau place Mendès France en passant par la gare de la Part Dieu à l'hystérie dominicale d'un repas familial, assise à côté de du grand oncle Abraham, de placer un "ah oui, je reprendrai bien un peu de pain vivant descendu du ciel", plutôt qu'un "ah oui tiens, je reprendrai bien un peu d'purée avec l'agneau Pascal", son fils, sans inopinément entreprendre de jeter l'huile sur le feu d'une filiation déjà si abâtardie ! Surtout si mon p'tit con d'cousin est encore à la piscine à s'exercer avec Papy Moïse alors qu'on les attend à table pour bouffer tous les 2 là, merde !!
Je m'interroge encore ! Toujours façon de parler.
Ça tombe bien, on me dit, -toujours la même oreillette-, que dieu est parole.
D'ailleurs ne dit on pas : "verbe de paroles" ? Alors ! Non mais des fois !
Une foi suffit ! me souffle encore l'oreillette. Redondance de redondance. Je le confesse.
Ou encore, que dieu est amour ?
Que l'amour est dans le pré ?
Mais que fout dieu dans le pré ? Tout là-bas, si, regarde ! Ouhlala oui, là bas, au loin, tout petit !
C'est alors que, par amour pour dieu, tous les convives se mirent à regarder dans la même direction. (Sauf Tatie Claudette qui était partie regarder l'émission à la télé).
Bien que nous n'ayons pas fini de manger, nous voici donc levés, je vous laisse imaginer la cène, certains tentant de dominer leur part d'ombre, bien fait z'avaient qu'à pas vouloir bouffer au soleil, tandis que nos yeux plissent, et plissent encore et cons verges, tendant au même résultat : apercevoir dieu. (Notez que l'utilisation de dieu le verbe a été miraculeusement évitée ici).
Papy Moïse lui fait face. Normal, encore à la piscine, dieu était plus près de son champ de vision.
Mais au diable la parabole, nous nous égarons, revenons-en à nos brebis. Enfin à notre agneau. Il refroidit. A taaable, nom du veeerbe !
Papy Moise nous certifia par la suite que c'était bien lui. Fastoche, même de dos il aurait été certain de pouvoir le reconnaître.
Ça l'aura au moins ramené à table. Fourbu par tant d'aventures et de jeux d'eau, il nous rejoignit clopinant. Caïn caha.
Il dit qu'il avait soif. Ça tombait bien, ma soeur Suze-Anne avait été forcée de lui mettre sa poire à elle de côté. On avait encore tiré à la courte paille-poutre. C'est la paille qui avait gagné. Deux heures que l'aut' dinde elle faisait la gueule. 3 fois d'suite qu'elle était rebaptisée Sam depuis cet été. Ah mais faut savoir si elle veut ramener son agneau en vie aussi hein !! L'a qu'à r'garder les restes de Pascal sur la table si elle veut s'faire sa p'tite idée !
Et mon p'tit con d'morveux qui l'appelle Sam Tante depuis 2 plombes aussii ! Ahh mais fait rien pour arranger lui nan plus !!
Quant tout à coup, l'assemblée se souleva et poussa des cris dorfraie : Tatie Claudette en sanglots avait choppé un deuxième épisode et oublié le gâteau biblique dans le four.
Et la vieille Marie-Madeleine qui se gloussait d'un "dieu que c'est bon !"
Marre !! Marre de ces repas de famille où y a jamais d'juste milieu, jamais d'place pour un commencement, jamais d'fin ! Dimanche prochain, j'leur fais bouffer du curé !!
↧