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Dimanche par Abicyclette

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Ce dimanche je n’ai rien fait de signifiant : je suis parti marcher dans la ville en cherchant à m’y perdre. A un moment, au carrefour de deux rues qui me semblaient aussi heureuses l’une que l’autre, j’ai senti un pincement : la liberté du promeneur, l’absurdité d’un choix. A un endroit, dans l’indifférence générale, une vieille fontaine creusée sous un immeuble moderne m’a chanté son anachronisme. A un endroit, dans la rue pourtant la plus sympathique que j’ai parcourue, il y avait une banderole accrochée à un balcon, ainsi qu’une pancarte au premier du trottoir d’en face : « Non à l’installation d’un bar au n° 35 » A un endroit, pour le passage des gouttières, des entablements de vieilles façades avaient été tranchées à vif, comme un crime. Pendant ces deux heures, j’ai aussi croisé des visages, et beaucoup m’ont traversé. A certains j’ai souri. A un endroit, sur le banc d’un parc, une femme au visage effaré donnait le biberon à son enfant, tandis qu’un oiseau chantait au même rythme que le soleil. A un endroit, sans savoir tout à fait pourquoi, j’ai fixé une femme à travers la vitre d’un café italien. Elle parlait italien avec des amis italiens. Elle aussi m’a fixé une seconde, d’un beau regard italien et, sans même donner l’impression de m’apercevoir, a continué sa conversation. A un moment, j’ai croisé une femme qui pleurait sur un banc d’une place désertée. Alors je n’ai pu continuer ma promenade, je ne savais plus quoi faire. Je me suis assis ni trop loin, ni trop près, pour la noter, et aussi pour tenter de lui dire… quoi ? Il commençait à faire frais. Un camion poubelle a surgit dans un bruit infernal, les déchets y ont été déversés et impitoyablement broyés. C’était violent et, peut-être, trop signifiant. Chacun de son côté s’est levé et a préféré partir.

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