Ils sont cons, ces petits juges. Comme le disait François Morel, cest pas méchant le mot « con », quand il nest pas précédé de gros, de sale ou de sinistre. Autrefois jadis naguère, lInternationale Situationniste avait honoré Jean Luc Godard du titre : « le plus con des suisses pro-chinois » ; et en 1978 Libération avait salué dun « Mort dun crétin » la disparition dun stalinien fidèle[1]. Plus récemment encore, cest un « Casse toi, pauv » qui aura fait entrer dans lhistoire de France son dernier président
[1] http://www.gerardstreiff.fr/spip.php?article625
Quant aux murs, on en connaissait de célèbres, de la honte, des lamentations. Certains étaient plus littéraires comme celui de Sartre. Dautres plus communs où les chiens et les humains de sexe masculin pouvaient marquer leur territoire. Désormais, tout le monde peut se faire un mur virtuel et y laisser des traces, des images, un statut et sa réputation.
Du pouvoir judiciaire
La théorie des trois pouvoirs est attribuée généralement à Montesquieu. Depuis, des théoriciens moins avisés en ont imaginé un quatrième et il a fait lobjet de nombreuses fictions, romanesque et cinématographiques. Mais le pouvoir économique semble aller si bien de soi quil na pas été jugé nécessaire den faire une théorie.
Le pouvoir judiciaire est donc le troisième pouvoir, censé faire léquilibre entre le législatif et lexécutif.
La pensée de Montesquieu a sans doute inspiré les divers constituants de la Révolution Française, mais ce sont les pouvoirs législatif (les assemblées) et exécutif (les comités, les directeurs, les consuls) qui ont été « mis à lhonneur », le pouvoir judiciaire se réduisant aux tribunaux révolutionnaires qui envoyaient se faire exécuter les contre-révolutionnaires.[1]
Le pouvoir exécutif sest définitivement imposé en France avec le Consulat et lEmpire. Les assemblées législatives ont été réduites à un rôle plus ou moins consultatif et cette tradition sest poursuivie avec les Restaurations et le Second Empire. Les assemblées se sont manifestées cependant dans les Restaurations, la Monarchie de Juillet et la Deuxième République. Mais ces manifestations peuvent être considérées comme la continuation des agitations de la Révolution. La question centrale qui agitait les opinions était celle de la souveraineté, de son attribution (à dieu, au roi, au peuple) et des façons dont elle sexprime et fait exécuter ses décisions.
Le Second Empire inaugure une première tradition où le pouvoir législatif (les assemblées) se soumet au pouvoir exécutif : le souverain, empereur des Français, exerce la souveraineté au nom du peuple.
La chute du Second Empire et la Commune de Paris inaugurent une deuxième tradition : les assemblées entendent contrôler le pouvoir exécutif. Un souverain honorifique est alors imaginé : le président de la République.
Cette seconde tradition sest imposée pendant presque un siècle, avant la restauration gaulienne.
Du « coup détat permanent » au « coup détat des juges »
« Un coup d'Etat est la prise du pouvoir dans un Etat par une minorité grâce à des moyens non constitutionnels, imposée par surprise et utilisant la force. Les auteurs dun coup dÉtat, ou putschistes, sappuient en général sur tout ou partie de l'armée et bénéficient du soutien dau moins une partie de la classe politique et de la société civile.
Le coup d'Etat, qui est réalisé par un petit groupe, se distingue de la révolution qui a un caractère populaire et massif. »[1]
Le terme français de « coup dEtat » a été repris en anglais. En allemand, on parle plus facilement de « putsch ». Lun des plus célèbres, car réussi, a été raconté par Karl Marx en 1852, dans le 18 brumaire de Louis Bonaparte. Plus tard, en 1931, Curzio Malaparte en analysera plusieurs dans sa Technique du coup dEtat.
Plus récemment, des auteurs contemporains reprendront ce terme de « coup dEtat ». Le premier[2] accèdera à la présidence de la République en 1981. Le second[3] na pas de telles ambitions : il na que celle de devenir le conseiller principal, léminence grise du prince, qui le méritera. Hélas, les généraux Bonaparte et de Gaulle étant morts, il ne trouve pas de prince à sa mesure. Sarkozy na pas été à la hauteur. Il y a bien la princesse Marine, peut-être
Mais passons !
Le but affiché de Mitterrand était de défendre les pouvoirs « mineurs », législatif et judiciaire, et même les contre pouvoirs (la presse, les corps intermédiaires) contre le pouvoir dun seul. On se souvient de ce que fut sa pratique du pouvoir exécutif quand il y accéda.
Zemmour, lui, entendait et entend toujours, défendre le pouvoir politique contre le pouvoir judiciaire. Par politique, il entend le pouvoir exécutif, et accessoirement le pouvoir législatif, de la Cinquième République, contre linterprétation que font de la loi les juges politisés. Par juges politisés, il entend non seulement les « petits juges rouges », mais aussi les instances judiciaires européennes. En effet, ni les uns ni les autres nont été élus par le peuple français. Ils bafouent donc la souveraineté française.
achetaient leurs charges ou la concéder à des seigneurs locaux. Puis « la France a connu une expérience de justice élective de 1790 à 1802 »[1]. Après quoi, « le corps judiciaire, qui fait à nouveau lobjet depuis le Consulat dune nomination politique, est largement fonctionnarisé : les magistrats sont recrutés jeunes et dépendent de la faveur du prince pour leur avancement. Le principe dinamovibilité proclamé par le Consulat nempêche pas les épurations, qui sont systématiquement pratiquées à loccasion de chaque crise politique. La gestion de la carrière des magistrats nest rationalisée quà partir de 1906 par le décret Sarrien, qui instaure un examen dentrée et un tableau davancement. »[2]
Mais il a fallu attendre 22 décembre 1958 et les débuts du règne du général De Gaulle[3] pour la création dune Ecole Nationale de la Magistrature. Et le 8 juin 1968 et la fin de son règne pour voir la naissance dun Syndicat de la magistrature (SM) aux initiales si sulfureuses.
Les petits juges et le tir aux pigeons
Il y a les magistrats vendus, (bis)
Il y a les financiers ventrus, (bis)
Il y a les argousins.
Mais pour tous ces coquins
Il y a d'la dynamite,
Vive le son, vive le son,
Il y a d'la dynamite,
Vive le son
D'l'explosion ![1]
Cette chanson date de la IIIème République. Une époque où les monarchistes aimaient à reprendre cette boutade attribuée à Stendhal : « Le meilleur régime politique est la monarchie absolue tempérée par l'assassinat ».
Les anarchistes, eux, étendaient le domaine dapplication de ce principe à « tous les coquins ». Le président Sadi Carnot en a subi les conséquences[2]. Auguste Vaillant jeta une bombe parmi les députés et en blessa quelques-uns. Mais on voit dans la chanson que les « magistrats vendus » étaient associés aux « financiers ventrus ». Les anarchistes commettaient des attentats au nom dune « propagande par le fait ». Aussi, Ravachol (à qui la comptine voulait rendre hommage) sattaqua à des magistrats, mais ce fut comme à des symboles parmi dautres dune autorité honnie.
Si on ignore la parenthèse regrettable de « lEtat Français », il faut attendre 1975 pour voir un petit juge se sont faire tirer dessus au nom dintérêts supérieurs. La 3 juillet de cette année-là, le juge François Renaud se fait révolvériser devant chez lui à Lyon. Quoique dune ascendance aristocratique, ce fils de médecin sétait laissé aller à des comportements gauchistes en diligentant une enquête qui aurait pu nuire au pouvoir exécutif. Son exécution na pas été revendiquée. Son assassinat à fait lobjet dun non-lieu en 1992 et dun film en 1977.
http://www.dailymotion.com/video/x4k5rc_le-juge-fayard-dit-le-sheriff-yves_shortfilms
Une analyse de 1995 note que si le corps des magistrats sest « féminisé », « leurs origines sociales (
) nont pas vraiment changé. »[1]
Trop cependant au goût du « parti de lordre ». La « démocratie » a ses inconvénients. Non seulement des enfants de la petite bourgeoisie ont pu accéder à la magistrature, mais aussi des fils demployés et douvriers, parfois même leurs filles. Hélas, ces parvenus nont pas les qualités naturelles pour sélever dans la hiérarchie en défendant Dieu, lEtat, la Famille et la Propriété. Ils stagnent donc dans la petite magistrature et y introduisent des murs de leurs classes dorigine : la revendication sociale, la défiance envers les hiérarchies naturelles, parfois lesprit malin de 68.
En outre, cette partie du corps des magistrats a parfois des comportements de corps de garde. Le Syndicat de la magistrature avait donc aménagé un « mur des cons » pour le défoulement de ses membres. On nose imaginer dans quel état sont les toilettes attenantes
Un reporter de guerre en fait la révélation. Depuis il écume les plateaux télé. Naguère, il avait reproché à Jean Pierre Elkabbach une certaine tendance à lantisémitisme.[2] Aujourdhui, il a trouvé des défenseurs avisés.[3] Quant à Jean François Copé, il a « galvanisé les militants UMP » et leur a prédit pour « bientôt un printemps des cons ».[4]
Les bonaparto-gaullistes qui sont toujours à la recherche dun homme providentiel assurent que le génie français, cest simplement, hors de toute procédure, « la rencontre dun homme avec le peuple ». Ils ne supportent pas ces procédures mesquines qui pourraient conduire à la rencontre dun homme providentiel avec un juge dinstruction. Ils sont donc à la manuvre pour éviter à leur champion cette rencontre dun mauvais type.
Pendant ce temps, le successeur de Nicolas Sarkozy, loin de leur tirer dessus, salue un nouvel envol des pigeons. Un pigeonneau aurait même déclaré à Fleur Pellerin : « Vous êtes ma deuxième maman »[5]. Cest le bouquet ! Certes, elle est précoce, a eu son bac à seize ans, est devenue magistrate à la Cour des Comptes à vingt six, mais elle na pas encore quarante ans. Si lui vient lidée dorganiser un dîner de con, elle songera à inviter ce pigeon-là.
[1] http://www.revue-pouvoirs.fr/IMG/pdf/74Pouvoirs_p28-41_entree_magistrature.pdf
[2] http://harissa.com/D_forum/Israel/clementweill.htm
[3] http://www.jerusalemplus.com/?p=2199
[4] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/05/07/97001-20130507FILWWW00273-cope-predit-un-printemps-des-cons.php
[5] http://www.marianne.net/Entre-Hollande-et-les-pigeons-ca-roucoule%C2%A0_a228533.html
[1] http://www.youtube.com/watch?v=CU84hLf7snw
[2] http://www.19e.org/documents/troisiemerepublique/anarchistesattentats1.htm
[1] http://www.gipjustice.msh-paris.fr/publications/juges.pdf Ce site rappelle que le « 10 juin1882, par 275 voix contre 208, la chambre de Députés proclame le retour à lélection. (
) La Commune lavait une première fois décrétée le 13 janvier 1871. » Mais les auteurs poursuivent : « Le principe électif na pas résisté au besoin jugé plus impérieux de républicaniser la magistrature. Lépuration de 1883 y pourvoit efficacement. »
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Justice_retenue_et_justice_d%C3%A9l%C3%A9gu%C3%A9e
[3] La veille, 21 décembre, il fut élu Président de la République, mais il était déjà Président du Conseil depuis le 13 mai. Entre ces deux événements, un autre quil ne faut pas négliger : la naissance du philosophe Eric Zemmour le 31 août 1958 à Montreuil.
[1] http://www.toupie.org/Dictionnaire/Coup_etat.htm
[2] François Mitterrand, Le coup détat permanent (1964)
[3] Eric Zemmour, Le coup détat des juges (1997)
[1] « le plus terrible des pouvoirs » (Robespierre) cité par http://www.histoire.presse.fr/lhistoire/377/faut-il-elire-les-juges-31-05-2012-46166
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