L'étrange par Botticella

L’étrange danse sur moi Avec cette peau d’ambre Qui me caresse démente L’être ange si étrange Perception d’ineffable Transperce mon outrance De ses ongles d’écailles Et lance sa puissance Sur mon âme tzigane Qui se donne et se pâme Sous d’ardentes pâmoisons Où les miroirs s‘effritent L’étrange emplit mon corps Des frémissements intenses Extrême jouissance D’un artifice des sens Je balance sous les transes Des anses du plaisir Qui me hante sous des porches De verre et de cristal Aussi fins que tes yeux De porphyre étincelant L’étrange devient étrange Où l’inconnu me porte Au temple de l’amour Je chavire en délire Je balance et dérive Sur des rives chavirées Vers des limbes lustrés Où je suis dévorée Par un amour grandiose Ile où les Dieux reposent Dans un vaisseau de roses La folie se déroule Sur l’être bohémien De ce Moi qui roucoule Qui tremble et réinvente Qui coule et qui déborde Comme le fleuve des moissons Saisons restituées Des passions enivrées Par l’être tragédien De ce Moi qui dénoue Les fils de la conscience Cet instinct de la vie Qui se roule en silence Et déroule la substance Dans les fosses étranges Où pleure la sagesse Mais fleurit l’alchimie Sur des fruits d’allégresse Ma chair blanche crucifiée Sur la croix des plaisirs Se tord et se délivre Des rêves oubliés Infernale cadence Au fond des criques immenses L’étrange me traque à l’aube Happe mon sang et me drape D’oiseaux hallucinés Qui piaffent comme l’été Des râles du passé Aux ports inassouvis Les ombres bleues se noient Grands indiens de l’espace Aux becs de diamants Dont l’ivresse me prend Je m’éprends de l’instant Et je tournoie dans l’ombre Sous la pluie argentée Des plumes de sorciers Qui appellent le sacré Le rite se déploie Au bord d’un précipice Où les anges se damnent Dans les reflets ocrés D’un horizon de flammes L’étrange en Moi se crée Au crépuscule d’un port Où brûle mon sang perlé Je titube et je tombe Dans la pénombre étrange Des parfums diaboliques Où des voiles m’étranglent Et me faisant renaître Sublime vérité Sur des sphères hypnotiques Où tournoient des portiques De feu et de lumière Mais quand tout disparaît Je deviens diable ou ange Je navigue dans l’étrange Des sphères d’apocalypse Aux courbes elliptiques Volutes et spirales De la voûte cosmique Qui scrute mon âme de femme Amoureuse éblouie Je nage et plonge dans l’onde Des clameurs sidérales Les astres dérangent alors Les silences du songe Le vertige me prend Sur les falaises de feu Où germent des calices D'eau vive et frénétique Où les silhouettes pâles Des anges magnifiques Se penchent et se déhanchent Sur les tranches du néant Qui s’incline sur les flots Envoûtants et charnels Des âmes éternelles Le ciel devient merveille Et m’inonde d’un ailleurs Qui recouvre mon essence De flocon et de vent Les soleils de l’oubli Me tiraillent et m’éventrent Se vautrent sur mon ventre Dans des sphères d’indécence L’étrange chante l’étrange Qui sculpte ma délivrance Sous des brises d’absolu Sur des océans pourpres Qui s’étalent sur moi Et chevauchent mon corps Recouvert des aurores Des ors et des brasiers Des laves de passion De l’amour en fusion L’étrange explose encore Avec ma vie d’écume Qui se meut dans l’étrange Des potions du divin Sur des nuages de feu Où le plaisir inonde Dans des ondes extasiées Incandescence sacrée Des reflets abyssins Au fond des vagues intenses De nacre et de chaleur L’étrange m’absorbe entière En ses méandres d’éclairs Et délivre la lumière Des ères du destin Qui s’impriment en puissance Sur l’astre des désirs Où ton amour se pose En poudre incandescente Pétales délicats Des fleurs pures d’un mystère Où tu me vois ardente Au fond des fièvres aimantes Dans les frissons du temps D'extase illuminée Je m’abandonne sans fin A l’étrange de tes mains Qui berce nos folies Où danse l’éternité. Botticella