Depuis près dun demi-siècle je navais pas revu Barcelone où je pensais ne plus avoir dattache, mais une belle rencontre my attendait.
Tout avait commencé il y a huit ans au décès de mon père, javais reçu un appel dune inconnue qui disait être ma cousine germaine et vouloir me présenter ses condoléances. Je pensais tout connaître de la nombreuse famille paternelle, mais j'ignorais lexistence dune branche de la famille dont on ne parlait jamais en raison de brouilles anciennes.
Demblée nous avons sympathisé cette cousine inattendue et moi, nous découvrant de nombreux points communs à commencer par le goût de lécriture. Elle écrit des nouvelles en catalan dont certaines ont été primées et se dépense bénévolement sans compter pour défendre la culture catalane. Nous avons pris lhabitude déchanger très régulièrement via internet mais tardé à nous rencontrer car javais perdu lenvie de voyager pendant mes dernières années de travail.
Enfin, en ce printemps 2013, jai décidé daller faire sa connaissance et retrouver en même temps une ville où je navais pas séjourné depuis ladolescence et où je mattendais à ne rien reconnaître. Je me trompais, Barcelone sest modernisée mais le centre ville a gardé son caractère et son charme. La plupart des immeubles anciens sont là, avec leurs balcons en fer forgé fleuris côté rue et leurs cours intérieures bruyantes où sèche le linge.Tous les espaces de verdure sont conservés.
Le front de mer et les ramblas sont animés comme autrefois et contrairement à ce qui se passe ici, il subsiste une multitude de petits commerces de quartier. Les horaires et les habitudes alimentaires sont ceux de mon enfance. Les changements les plus flagrants sont humains.
La double oppression du franquisme et de la religion levée, on se mêle à une foule cosmopolite et souvent joyeuse malgré la crise. On ressent partout la fierté retrouvée de la Catalogne longtemps réprimée par le fascisme dont témoignent les nombreux drapeaux catalans accrochés aux balcons.
La crise est omniprésente jusque dans les restaurants qui proposent à bas prix des « menus de crise ». Il ma suffi de parler avec ma cousine et sa petite famille pour réaliser sa gravité. Ma cousine vit dune petite retraite de veuve de 800 euros mensuels et lEtat vient de lui supprimer le treizième mois quelle percevait depuis toujours et de la rendre imposable sur le revenu par un abaissement des seuils, elle se demande comment elle va pouvoir vivre désormais. Sa fille infographiste est au chômage depuis deux ans bien quelle accepte nimporte quel emploi. Son gendre informaticien travaille mais dit que son salaire dil y a dix ans il ny pense plus « ni en sueño », même en rêve.
Autrement, jai pris le plus grand plaisir à jouer les touristes, dautant quil faisait un temps superbe et quil ny avait pas trop de monde encore. Jai adoré prendre le téléphérique et découvrir toute la ville du haut du parc de Montjuic, visiter les uvres de Gaudi, flâner sur les ramblas et dans le barri gotic, mextasier devant les magnifiques étals du marché de la Boqueria et prendre du poids en troquant mon régime ascétique habituel pour des tapas frites et crèmes catalanes.
Dans la journée je faisais mes balades toute seule car ma cousine est plus âgée et en mauvaise santé, mais en fin daprès-midi je venais la rejoindre et restais avec elle jusque tard dans la soirée. Nous avions tant de choses à nous raconter, deux vies entières, et nous nous découvrions chaque jour plus proches. La séparation a été douloureuse pour toutes les deux, jai promis de revenir sans trop tarder et en attendant nous allons reprendre nos échanges par mail et par téléphone.
Au retour jai trouvé mes Sables dOlonne bien gris et bien froids.
Pour ne pas cafarder, je me suis plongée dans les photos prises là-bas et les ai triées par thème.
Avis aux abonnés, je vais mettre plusieurs séries sur Barcelone dans ma galerie photos PCC !
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