Le crépuscule du matin
Cest lheure où sur le pli lointain de lhorizon,
Que couture en tremblant lazur aux doigts fragiles,
Monte dès laube un chant que bercent immobiles,
Les lustres suspendus sous lombre
une cloison.
Laube dit à la nuit : « Jette loin ton blason,
Je mélève ! Ô descend sous les vastes sébiles
Que je dépose au ciel sur mes longs draps dargiles,
Deux pièces : Le Soleil, la Lune en couvaison ! »
« Je coule sous tes eaux mais laisse sentinelle,
Hécate aux charmes froids, aux cheveux assombris,
Contre ton blanc Phoebus, douce aurore et je ris !
Car le branle infini de la danse éternelle,
Laisse ma grise enfant et les jours revenir;
Aux ténèbres ton Or nest lui quun souvenir ! »
Le crépuscule du soir
Cest entre chien et loup quand montent les étoiles
Que descend en tremblant sur lorbe lumineux,
Un chandelier éteint aux battements des voiles
De lhorizon jetant ses linges cotonneux.
Tout tremble ! Des vapeurs remontent de la terre.
Le ciel va déposer au coffre de la nuit,
Tout lOr qui a fondu, puis laisse un cimeterre,
Tout lArgent du croissant de la Lune à minuit.
Sur le front de lazur où se ride un nuage,
La pénombre sétend et lombre qui voyage
Rejette en long tissu sur lenclume, un profil.
Tout est silencieux. Lastre est mort et la nappe
Guette le froissement des ténèbres que frappe
Lultime rayon bleu sous linvisible fil.
J'emprunte les titres de ces deux sonnets aux poèmes éponymes de Charles Baudelaire.
Le crépuscule est la lueur atmosphérique présente avant le lever ou après le coucher du soleil.
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