J'y allais à reculons, et puis Monsieur Cinéma m'a dit : Jeune et Jolie n'est pas un film sur la prostitution mais un film sur l'adolescence. Bon,
comme les réalisateurs sont des créateurs, ils font ce qu'ils veulent avec le thème qu'ils veulent. Je savais que je n'allais pas voir un documentaire, ça c'est sûr. Mais le point de vue, unique en son genre, d'Ozon, sur l'adolescence et sur la prostitution, m'a simplement paru inutile et fantasmatique. Je sais aussi qu'on ne va pas au cinéma que pour apprendre et que ça n'est pas, peut on le regretter, un outil pédagogique.
Vous avez sûrement des adolescents à la maison ? Après avoir vu ce film, ne soyez pas à cran, car ce genre de situation risque d'être très rare.
Isabelle se prostitue, elle n'a pas de maquereau, n'a pas été victime de viol ou d'inceste (à moins que... mais ça n'est pas dit dans le film) n'est forcée à rien, et n'a pas besoin d'argent. L'objectif est donc flou... Isabelle d'un milieu plutôt aisé, aura ses études payées par ses parents... Alors ?
Isabelle n'a pas d'émotions, sauf quelques secondes avec sa copine, ce qui est rare chez l'adolescente.
Ozon s'est mal renseigné sur les deux sujets.
Pourtant, lorsqu'Isabelle vit sa première relation sexuelle, il nous montre qu'elle est en état de dissociation (elle regarde la situation de l'extérieur, déconnectée de son corps) comme le sont les victimes les viols. Or, à part une expérience décevante, emmerdante, comme on vit beaucoup la première fois, Isabelle est consentante et n'est pas violée.
Ozon aurait pu traiter le fantasme de certaines jeunes filles, ou de femmes : gagner de l'argent avec son corps. Sauf qu'il en ait fait une histoire. Réaliste ? Certainement pas. On se rince l'oeil face à une telle beauté sensuelle et sexuelle, mais l'histoire ne tient pas la route 2 secondes, pour peu qu'on connaisse un peu le dossier...
Un rendez vous manqué avec un thème pourtant si dense.
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