Povera Anna Perdita, tu parais morte, non je suis vivante
Tu n'es pas là, mais bien sûr que je suis là
tu es comme absente, non je suis bien présente
tu es pâle, non mes joues sont roses
tu as les traits tirés, non, regarde, j'ai bonne mine
tu es malade, que dis-tu, je n'ai jamais été mieux
tu sembles triste, pourtant je t'assure, je suis heureuse
tu as l'air seule, moi seule, jamais
tu as pleuré, non c'est la pluie
mais tout de même !
tu n'as pas de vraie maison, j'ai un abri pour la nuit
tu dors mal, pas du tout, je fais même des rêves
tu manges mal, si si, je me nourris bien
tu es gelée, mais non, touche mes mains elles sont chaudes
ton regard est vide, mes yeux sont pourtant plein d'étoiles
tu n'as pas de véritable travail, mais si, je bricole
tu n'as pas d'argent, qu'importe ça me suffit
tu n'as plus d'amis, détrompe-toi, j'en ai deux c'est beaucoup
je te trouve vieillie, je me sens si jeune
on voit tes rides, j'ai ma crème et mes onguents
tu es mal peignée, t'as un épi ....dans les cheveux , oui je sais tu as le même
tes cheveux blancs, je les déjoue avec des mèches
tu marches péniblement, s'il le faut, je sais encore courir
tes mains tremblent, je peux encore dessiner
tu ne dessines plus, je griffonne toujours sur mes carnets
tes carnets sont bientôt pleins, alors j'écrirai sur le sable
rien qui vaille vraiment !
tout va mal, tout va bien je t'assure
plus de forces on dirait, je suis pleine de forces
plus la force alors, j'ai la force crois-moi
plus la foi, je crois en moi
tu n'as plus la volonté, si j'ai la volonté
tu dis n'importe quoi, je dis la vérité
tu n'as pas le droit de parler, pourtant je parle
tu n'as pas le droit de chanter, pourtant je chante
pas le droit de crier, pourtant je hurle
pas le droit d'être bien, je suis bien
pas le droit de vivre, mais je vis
tu n'as pas le droit de lever les yeux, si, je les lève
pas le droit de répondre, je réponds
pas le droit de rétorquer, je rétorque
pas le droit de courir, je cours
pas le droit de partir, je pars
pas le droit de mentir, mais seulement par omission
pas le droit d'aimer, c'est pourtant ce que je fais le mieux, d' aimer
pas le droit d'être aimée, si, bien sûr que l'on m'aime
tu n'es pas si sûre de toi, tu te trompes
tu hésites, pas du tout
tu dois rester, je n' en ai plus l' envie
tu as besoin de moi, plus du tout
tu n'es rien sans moi, moi je suis bien sans toi
tu n'es rien du tout, pas du tout, pas du tout
prouve que tu existes, je n'ai plus rien à prouver
je t'ai tout appris, et tu m'as tout repris
je t'ai appris à marcher, désormais je marche seule
je vois bien que tu ne m'aimes plus, je t'aime toujours tu le sais
Pourtant tu me tues, et moi je me tais
Tu es loin, mais non, je suis là
Tu finiras mal je t'assure !
Povera Anna Perdita, ma fille, je l'ai toujours dit, il n'y a pas pire étranger que son propre enfant.
"Don Ramon courba la tête sous cet anathème ; le front pâle et lâme remplie de remords cuisants, il rentra lentement dans lhacienda." (Gustave Aimard, Les Trappeurs de lArkansas, 1858)
vous avez dit Anna thème ? oui j'ai dit Anna t' aime crois-moi
mais c'est de haute lutte
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