Hier 7 novembre, était le soixantième anniversaire de mon mariage...
Je ne l'ai pas fêté car il y a une mi-temps de trente ans, mais cela m'a amenée a faire un petit retour sur cet événement.
Il fut un temps où mon éducation judéo-crétine m'imposait de tenir ma maison sans qu'une trace de poussière ou une toile d'araignée n'apparaissent.
Tout devait être lavé, rangé, policé, brillant, sans quoi le moindre signe de fantaisie aurait été jugé et considéré comme marginale...
La lessive le lundi, le repassage le mardi, raccommodage le mercredi, étaient imposés par des règles venues d'on ne sait d'où, mais auxquelles la plupart des femmes de mon époque se pliaient sans se poser de questions... C'était comme ça !
Je n'ai jamais pu me plier à cette discipline; Pourquoi laver le linge le lundi alors qu'il pleut des cordes, et s'enfermer quand il fait beau quand mes petits avaient une envie folle d'aller jouer au square ?
Petit à petit, j'ai institué mes propres règles, et toute ma petite famille s'en trouvait mieux, moi la première.
L'essentiel était d'être prête aux heures imposées par la vie dite "sociale"
Je lavais mes sols le soir, quand les enfants dormaient et que Marius était à sa musique...
Quoi de plus écurant que faire la vaisselle après le repas, barboter dans l'eau grasse me stoppait net la digestion,... ainsi,... avant le lave-vaisselle sans que personne n'y voit du feu, je ne la faisais plus qu' une fois par jour au moment où j'allais à la cuisine pour préparer le repas de midi...
Ce qui ne m'empêchais pas d'avoir mari, enfants et maison bien tenus...
Mais le regard de ma mère était un reproche permanent sur ma façon de fonctionner...
Elle débarquais à n'importe quel moment et inspectait chaque pièce, ouvrant armoires et placards comme si elle était chez elle, et ne comprenais pas que je laisse la lessive le lundi pour coudre, peindre ou tricoter...
Pour elle, j'avais une araignée dans l'plafond.
A propos d'araignée, il était inconcevable d'avoir la moindre toile d'araignée dans le coin d'une pièce, et c'est armée de la "tête de loup" que j'y faisais la chasse, jusqu'au jour ou voulant faire du ménage et du tri dans le placard de mon jeune fils alors adolescent, celui-ci m'a précisé :
-"Surtout maman tu ne touches pas à Gertrude, elle a tissé sa toile côté penderie et elle se nourrit des mouches qui viennent dans ma chambre".
Gertrude était une araignée poilue et de taille respectable qui a mené une vie heureuse et sereine dans une chambre d'ado à la campagne, dont une des portes du placard restait ouverte afin de laisser venir à elle les petites mouches dites domestiques, qui étaient son régal.
A partir de ce jour, je n'ai plus chassé l'araignée, que je considère maintenant comme l'insecticide le plus bio qui soit...
Il y en a une petite dans une anfractuosité du mur entre la plinthe et la faïence de la salle du trône, et qui happe au passage de petites fourmis qui ont élu domicile dans nos toilettes...
Chaque jour je ramasse une dizaine de petits grains noirs, rejets que mon araignée me restitue après en avoir aspiré la substance nourricière...
Oui, décidément, j'ai surement une araignée dans l'plafond, et heureuse de l'avoir...
Capucine7434 - 8 novembre 2013
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