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Noël au pays des Fables.... par THEO1890

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Noël au pays des Fables, La nuit fut courte pour certains, pour justifier de leur présence sur terre, les pneus crissèrent, les klaxons vibrèrent et ils s’en furent dans la nuit noire et froide entremêlée de pluie qui remplaçait en cette année les belles traces de neiges, éternelles et qui, avec le temps ne laissaient que des miettes de souvenirs sur l’almanach du facteur…. Les beuglements, tels ceux des vaches et veaux dans les étables, résonnaient si forts dans la nuit que le moindre interstice de poussière s’en trouva affecté, la chaleur des voix n’était qu’apparence au travers des syllabes et consonnes, on devinait non pas la liesse d’un soir, celui de la naissance d’un Christ rédempteur, dont la date anniversaire n’est pas celle- ci, celle des Saturnales de l’époque des Celtes, celle du solstice d’hiver, symbole de la renaissance du soleil, mais l’usage en fit celle-ci, et de nos jours, l’usage s’est si bien ancré dans les mœurs que l’on en oublie les prémices d’antan pour en faire ce vaste barnum médiatique, à grands renforts de publicité et de défis essentiellement commerciaux… oui ces beuglements sonnaient comme le tonnerre dans la quiétude de la campagne se mourant à l’aube de l’An Neuf… Les routes, celles qui avaient connues ces bataillons montant au front ou qui en revenaient, mais dans ce cas en piètres états, laissaient deviner de grands boulevards happés par le vide du monde et des personnes.. enfin, une forme de liberté s’emparait de l’ivresse du temps, les ramures hélas dénuées de toute beauté, flottaient et cinglaient au passage les filaments si tenus de lumière, l’astre se frayait quelques libertés au travers d’un océan de grisaille, les nuages y restaient suspendus tels de légers saltimbanques qui passent d’une corde à l’autre et s’en vont plus loin à l’est, vers ces plaines d’Europe Centrale, où mon esprit embrasse encore de ses doux trémolos la candeur de l’immensité des songes… Le ciel se fit lentement turquoise, se déchirait de –ci, de – là, par intervalles il se paraît de nuages rosés à souhait, de la pénombre du jour naissant, les rubans se firent plus soutenus, le bleu se fit plus intense, plus doux aussi, il me saluait, comme Napoléon au loin, immobile devinant l’horizon de sa vie, et les » Marie – Louise » qui se drapaient d’un voile rose velouté qui se fit de plus en plus orangé… Hurtebise devint flamboyant de beauté, dans le silence de ce jour de Noël, les lieux s’emparaient du poids des ans, l’immobilité des cieux et de la période se conjuguaient à merveille, tel un voile soyeux qui se disséminait par le tenu bruissement du gazouillis des ramures, squelettes vivants, oui, enrubannés de l’armistice du jour… Noël instant de trêve dans les tranchées, l’était aussi, ici sur les routes où la petite Reine se complaisait avec une certaine facilité…. Les engins motorisés n’embuaient, pas encore de leurs courses folles, insensées et inavouables -les conduisant vers des lieux de soumission ou d’harassement de ces banlieues lointaines de « cette France profonde « à aller s’entraîner à boire quelques doses de ce liquide qui de l’absinthe, qui du fameux jaune du Sud, leur donnent une volupté inextricablement louche, les lieux du Sacrifice des Hommes - ces lieux où l'innocence ne livre rien de ses secrets... Non, le paisible contait Liturgies intimes…. Vauclair se tenait immobile, la vallée était source de divine surprise, le frémissement de l’ère se mariait aux contenances botaniques et aux légèretés des graminées, à l’immobilité sévère mais douce de ces pierres, debout, vestiges du présent arborant dignement leur sibyllin murmure au pied de sa tombe, là, lui, le chantre des lieux, goûte au paisible soupçon d’un accomplissement salutaire et mérité. Le voile se déchira, soudain, l’astre lui sourit, tel l’Ange de la Cathédrale, l’unique paraît –il au Monde, et dans ce recueillement où macèrent les mots qui cherchent leurs émotions, l’aurore se fit Reine et se maria aux mouvements de brumes éparses, enveloppant ce lieu de ce voile saturnien, la tombe aime le silence, tout de suite. Le cheminement du corps et de l’esprit m’emporta, après un repas frugal, car point de pizzeria « dans le coin « ouverte, point de restaurant, digne de ce nom, ah si , le Château de Courcelles, où mon imagination entrevoit encore, Napoléon venant pour la première fois rencontrer Marie – Louise , sous le porche de l’église , ou embrasser du regard les verves inaltérables d’illustres noms tels Racine, La Fontaine, Jean – Jacques Rousseau, et bien d’autres, d’ailleurs qu’y aurai –je semé comme phrases du jour, et tout seul, dans ce pays sans coin, qui tourne, comme tout pays, alors sur les pas de Camille Claudel, où les espèces de lichens sont protégées , tout comme les lézards verts, qui laissent entrevoir dans leur regard malicieux, encore, les rires moqueurs et enfantins de la maîtresse des lieux.. Il reste bien des bistrots, peu, de moins en moins, fermés en ce jour de Noël, et dans les bistrots le silence a repris la place des personnages épris de liberté libre. Noël avait étendu son « automnal « manteau sur la campagne, du Chemin des Dames, en passant par les Demoiselles de Courcelles, par la Hottée du Diable, et enveloppait de son linceul salutaire et divin, la quête d’un passé ressurgit de traces aussi lointaines qu’un certain Attila… tout est symbole et tout est mémoire, tout est bruissement sourd et mélopée au son d’une vielle, d’un luth, d’un clairon, tout est dans le recueillement du jour, personne n’ose effaroucher l’enfant qui est né, l’enfant qui se fit baptisé dans l’église Saint Crépin Hors les Murs, qui telle un phare dans ce jour, fière sur ce versant de la colline au pied de laquelle, la Marne charrie ses eaux troubles, un mélange d’alluvions de troncs épars, de déchets venants d’on ne sait où, reste une sépulture vivante. Les rues sont vides, les devantures des échoppes demeurent, pour certaines allumées, stigmatisant leurs présences insolentes de ténacité, mais que de bonheur que de savoir lire le passé dans l’avenir d’un siècle poussé au paroxysme de l’oligarchie marchande, eux ils résistent,et c’est fort aise ,plus haut l’ancien fief des Mérovingiens où naquit le baptiseur de Clovis, se meurt, et c’est triste de solitude, La Fontaine, m’appela , j’allais sur les pas de sa demeure, et au gré des chambres de son moi enfantin, adolescent , puis responsable, les mots me firent une farandole insensée mariant les histoires de ses Fables dans une forme d’effervescence de la réflexion qui s’enracine dans le temps. Les pavés étaient difformes, disjoints, tels des cailloux disséminés au gré des ans, ils m’apprivoisèrent et firent des traces indélébiles sur ce parchemin de vie, ils s’ancrèrent comme autant de similitudes inavouées, j’osais cultiver l’espoir d’un lieu, d’un temps, d’un instant, celui de la quiétude, celui de l’imagination qui flotte, livrée à elle-même et qui doit résister à l’espace pour ne pas se liquéfier. Noël se vivait à l’intérieur des masures blotties les unes contre les autres, de peur de chavirer, de peur de sentir seules, de peur de s’écrouler de par leur hauteur, seules quelques- unes avaient l’insolence de l’aisance passée, on y célébrait à tout va, les sentes vides de gens ruisselaient encore de la présence du Maître des Lieux, mes pas se mariaient dans l’intimité du silence, il cache toujours une parole retenue. Le halo divin je n’ose l’imaginer, ces êtres dans leurs demeures, de ces maisons guingoisées pour certaines, le cours d’eau les baignant presque par hasard, les léchant en cas de crues répétées, ces toits vagues, ces murs borgnes, ces moellons défaits de ces jardins où la friche a repris ses allures vagabondes hivernales mais aussi intempestives, ces lointains toujours étroitement bordurés de ciel, j’allais comme sous la surveillance d’un jour qui ne tomberait jamais. Noël me souriait comme l’Ange de la Cathédrale, et la Fable suivait son lent cours de vie allant vers l’Autre, par ces routes du Tardenois, où Claudel laissait encore développer ses « Magnificat » ce jour du 25 décembre où la grâce le prit, debout près du deuxième pilier…. Les églises sont bouclées, Dieu enfermé. De peur qu’il ne quitte en douce le pays, je m’enquis vers là au pied du Chemin où m’attendait Gentilhomme…. Chemin_Des_Dames_Courcelles_Villeneuve_Château_ Thierry_2013_12_25

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