Noël au pays des Fables,
La nuit fut courte pour certains, pour justifier de leur présence sur terre, les pneus crissèrent, les klaxons vibrèrent et ils sen furent dans la nuit noire et froide entremêlée de pluie qui remplaçait en cette année les belles traces de neiges, éternelles et qui, avec le temps ne laissaient que des miettes de souvenirs sur lalmanach du facteur
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Les beuglements, tels ceux des vaches et veaux dans les étables, résonnaient si forts dans la nuit que le moindre interstice de poussière sen trouva affecté, la chaleur des voix nétait quapparence au travers des syllabes et consonnes, on devinait non pas la liesse dun soir, celui de la naissance dun Christ rédempteur, dont la date anniversaire nest pas celle- ci, celle des Saturnales de lépoque des Celtes, celle du solstice dhiver, symbole de la renaissance du soleil, mais lusage en fit celle-ci, et de nos jours, lusage sest si bien ancré dans les murs que lon en oublie les prémices dantan pour en faire ce vaste barnum médiatique, à grands renforts de publicité et de défis essentiellement commerciaux
oui ces beuglements sonnaient comme le tonnerre dans la quiétude de la campagne se mourant à laube de lAn Neuf
Les routes, celles qui avaient connues ces bataillons montant au front ou qui en revenaient, mais dans ce cas en piètres états, laissaient deviner de grands boulevards happés par le vide du monde et des personnes.. enfin, une forme de liberté semparait de livresse du temps, les ramures hélas dénuées de toute beauté, flottaient et cinglaient au passage les filaments si tenus de lumière, lastre se frayait quelques libertés au travers dun océan de grisaille, les nuages y restaient suspendus tels de légers saltimbanques qui passent dune corde à lautre et sen vont plus loin à lest, vers ces plaines dEurope Centrale, où mon esprit embrasse encore de ses doux trémolos la candeur de limmensité des songes
Le ciel se fit lentement turquoise, se déchirait de ci, de là, par intervalles il se paraît de nuages rosés à souhait, de la pénombre du jour naissant, les rubans se firent plus soutenus, le bleu se fit plus intense, plus doux aussi, il me saluait, comme Napoléon au loin, immobile devinant lhorizon de sa vie, et les » Marie Louise » qui se drapaient dun voile rose velouté qui se fit de plus en plus orangé
Hurtebise devint flamboyant de beauté, dans le silence de ce jour de Noël, les lieux semparaient du poids des ans, limmobilité des cieux et de la période se conjuguaient à merveille, tel un voile soyeux qui se disséminait par le tenu bruissement du gazouillis des ramures, squelettes vivants, oui, enrubannés de larmistice du jour
Noël instant de trêve dans les tranchées, létait aussi, ici sur les routes où la petite Reine se complaisait avec une certaine facilité
. Les engins motorisés nembuaient, pas encore de leurs courses folles, insensées et inavouables -les conduisant vers des lieux de soumission ou dharassement de ces banlieues lointaines de « cette France profonde « à aller sentraîner à boire quelques doses de ce liquide qui de labsinthe, qui du fameux jaune du Sud, leur donnent une volupté inextricablement louche, les lieux du Sacrifice des Hommes - ces lieux où l'innocence ne livre rien de ses secrets...
Non, le paisible contait Liturgies intimes
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Vauclair se tenait immobile, la vallée était source de divine surprise, le frémissement de lère se mariait aux contenances botaniques et aux légèretés des graminées, à limmobilité sévère mais douce de ces pierres, debout, vestiges du présent arborant dignement leur sibyllin murmure au pied de sa tombe, là, lui, le chantre des lieux, goûte au paisible soupçon dun accomplissement salutaire et mérité.
Le voile se déchira, soudain, lastre lui sourit, tel lAnge de la Cathédrale, lunique paraît il au Monde, et dans ce recueillement où macèrent les mots qui cherchent leurs émotions, laurore se fit Reine et se maria aux mouvements de brumes éparses, enveloppant ce lieu de ce voile saturnien, la tombe aime le silence, tout de suite.
Le cheminement du corps et de lesprit memporta, après un repas frugal, car point de pizzeria « dans le coin « ouverte, point de restaurant, digne de ce nom, ah si , le Château de Courcelles, où mon imagination entrevoit encore, Napoléon venant pour la première fois rencontrer Marie Louise , sous le porche de léglise , ou embrasser du regard les verves inaltérables dillustres noms tels Racine, La Fontaine, Jean Jacques Rousseau, et bien dautres, dailleurs quy aurai je semé comme phrases du jour, et tout seul, dans ce pays sans coin, qui tourne, comme tout pays, alors sur les pas de Camille Claudel, où les espèces de lichens sont protégées , tout comme les lézards verts, qui laissent entrevoir dans leur regard malicieux, encore, les rires moqueurs et enfantins de la maîtresse des lieux..
Il reste bien des bistrots, peu, de moins en moins, fermés en ce jour de Noël, et dans les bistrots le silence a repris la place des personnages épris de liberté libre.
Noël avait étendu son « automnal « manteau sur la campagne, du Chemin des Dames, en passant par les Demoiselles de Courcelles, par la Hottée du Diable, et enveloppait de son linceul salutaire et divin, la quête dun passé ressurgit de traces aussi lointaines quun certain Attila
tout est symbole et tout est mémoire, tout est bruissement sourd et mélopée au son dune vielle, dun luth, dun clairon, tout est dans le recueillement du jour, personne nose effaroucher lenfant qui est né, lenfant qui se fit baptisé dans léglise Saint Crépin Hors les Murs, qui telle un phare dans ce jour, fière sur ce versant de la colline au pied de laquelle, la Marne charrie ses eaux troubles, un mélange dalluvions de troncs épars, de déchets venants don ne sait où, reste une sépulture vivante.
Les rues sont vides, les devantures des échoppes demeurent, pour certaines allumées, stigmatisant leurs présences insolentes de ténacité, mais que de bonheur que de savoir lire le passé dans lavenir dun siècle poussé au paroxysme de loligarchie marchande, eux ils résistent,et cest fort aise ,plus haut lancien fief des Mérovingiens où naquit le baptiseur de Clovis, se meurt, et cest triste de solitude, La Fontaine, mappela , jallais sur les pas de sa demeure, et au gré des chambres de son moi enfantin, adolescent , puis responsable, les mots me firent une farandole insensée mariant les histoires de ses Fables dans une forme deffervescence de la réflexion qui senracine dans le temps.
Les pavés étaient difformes, disjoints, tels des cailloux disséminés au gré des ans, ils mapprivoisèrent et firent des traces indélébiles sur ce parchemin de vie, ils sancrèrent comme autant de similitudes inavouées, josais cultiver lespoir dun lieu, dun temps, dun instant, celui de la quiétude, celui de limagination qui flotte, livrée à elle-même et qui doit résister à lespace pour ne pas se liquéfier.
Noël se vivait à lintérieur des masures blotties les unes contre les autres, de peur de chavirer, de peur de sentir seules, de peur de sécrouler de par leur hauteur, seules quelques- unes avaient linsolence de laisance passée, on y célébrait à tout va, les sentes vides de gens ruisselaient encore de la présence du Maître des Lieux, mes pas se mariaient dans lintimité du silence, il cache toujours une parole retenue.
Le halo divin je nose limaginer, ces êtres dans leurs demeures, de ces maisons guingoisées pour certaines, le cours deau les baignant presque par hasard, les léchant en cas de crues répétées, ces toits vagues, ces murs borgnes, ces moellons défaits de ces jardins où la friche a repris ses allures vagabondes hivernales mais aussi intempestives, ces lointains toujours étroitement bordurés de ciel, jallais comme sous la surveillance dun jour qui ne tomberait jamais.
Noël me souriait comme lAnge de la Cathédrale, et la Fable suivait son lent cours de vie allant vers lAutre, par ces routes du Tardenois, où Claudel laissait encore développer ses « Magnificat » ce jour du 25 décembre où la grâce le prit, debout près du deuxième pilier
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Les églises sont bouclées, Dieu enfermé. De peur quil ne quitte en douce le pays, je menquis vers là au pied du Chemin où mattendait Gentilhomme
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Chemin_Des_Dames_Courcelles_Villeneuve_Château_ Thierry_2013_12_25
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