C'est bien connu : chacun de nous porte une carapace et cherche ainsi à se protéger. Ne dit-on pas d'ailleurs de quelqu'un qui exprime sans détours ses sentiments, ses espoirs, ses peurs, qu'il se met à nu ?
Ils s'étaient fait confiance dans un élan mutuel, irrésistible et qui les avait embrasés. Tout auréolés du halo doré de leur espoir revenu, ils s'étaient laissés aller à des confidences. Ils étaient déjà devenus si proches. Comment ? Ils l'ignoraient. Par petites touches, ils s'étaient d'abord flairés, devinés , se dévoilant progressivement. Leur vie, leurs attentes, chaque élément égrené semblait les rapprocher toujours un peu plus.
Tant et si bien que l'urgence de leur rencontre s'était imposé comme une évidence; alors, il avait avalé les kilomètres, dessinant la diagonale du fou du nord est au sud ouest d'un territoire dont la superficie devenait soudainement dérisoire.
Au début, ils n'avaient pas eu de mal à se parler. Chacun connaissait les intonations de la voix de l'autre, tour à tour caressante, implorante ou sifflante quand la réalité de leur éloignement leur revenait à l'esprit les indignant contre tant de mauvaise fortune.
Puis ils s'étaient aimés pour de vrai, comme ils disaient. Le doute vient :et si jamais l'assouvissement de leur désir l'avait à jamais fait disparaître? Si cette flambée n'avait été qu'un feu de paille ?
Si jamais l'amour rêvé mourait toujours lorsqu'il s'incarnait ?
Si jamais, cette résonance qui les avait unies n'avait été qu'illusion ?
La carapace de la solitude est retombée sur leurs vies. désormais, ils sont devenus lointains, inaccessibles l'un à l'autre...
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