Un vingt huit janvier.....
Dehors lhiver enveloppait de son châle pesant
Le village blotti, maisons recroquevillées sur elles-mêmes,
Tels des humains engoncés dans leur manteau usant
Dimages de braves soldats livrés à eux-mêmes.
Dans la demeure, le jour perçait, un jour de janvier
Différent des autres, un jour de félicité sans détour,
Instants de sérénité embrassant laube tant enviée
Et moi du baiser gracieux, à lui je disais mon amour !
La neige au dehors avait saupoudré de ses fins cristaux,
Les arbres du verger, les allées et les hangars des animaux,
Lépais linceul de silence lentement au jour souvrait,
Des feux à la volée sallumaient, le café se réchauffait
Mon aïeul me parlait, me conseillait, menlaçait de son savoir,
Jétais, enfant habité du secret, le remerciant pour son avoir,
Maîtriser et les langues et lâtre, et lhumain, et lhistoire,
De son cur, il me donna lunique trésor du jour notoire.
Aujourdhui encore, à linstar de ce brouillard incertain,
Mon regard se perd dans le limbe argenté des conifères,
Quand vers lau- delà mon âme ivre de lumière et de chant
Sentremêle, elle revoit ce jour de rêve loin de léphémère..
Le_ Colombier_2014_01_28
Images d'une enfance lorraine, blottie dans ce village s'égrenant par ces ruelles disjointes, discontinues, aux approches de voies romaines, aux approches de la langue francique, de traces carolingiennes subtiles, en cette journée symbolique du départ vers l'au- delà de cet Empereur aux multiples images, ce personnage... sur les routes, les traces duquel mon esprit s'enracine, se fourvoie avec le temps, et comme une symbolique pour moi, jour de ma naissance.....
Mais aussi, ce jour où tout me berçait, mon aïeul, dont le geste m'est ancré, comme à l'homme qu'on adoube car il est des nôtres, en partageant avec les autres, les mêmes valeurs, je n'étais qu'un enfant, qu'en ce jour du 28 janvier, en particulier ce jour-là, je devais encore, après un lever matinal, parcourir quelques cinq kilomètres dans la neige - à l'époque elle nous gratifiait de maintes libertés où l'espièglerie n'avait jamais lieu d'être ni de pouvoir... pour rejoindre les bancs de l'Ecole élémentaire... là où mon esprit se nourrissait de savoirs jamais éteints...
Plus tard, un certain 28 janvier aussi, mon père, lui s'en allait subitement , terrassé non pas par le poids des ans, mais d'un seul coup, à jamais sans avoir pu dire au - revoir, il s'en est allé rejoindre les siens, là - bas vers ces lieux où les cendres sont encore autant de souvenirs empreints d'une force exquise et de pouvoir intense.
Son départ était à l'image de sa vie, belle, droite, dure, intense, vraie, juste, sans acrimonie envers quiconque,
C'était un 28 janvier......
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