La social-démocratie vacillante, plus liberticide et doctrinaire que jamais, envoyant ses chiens de garde aboyer autour de tout ce qui nétait pas conforme à sa dictature molle et les médias se chargeant, avec maestria, de lyncher transfuges et dissidents, il se demanda sil devait, en ce matin de février, consacrer une ou plusieurs heures à mettre noir sur blanc léloge quil souhaitait écrire.
Cette déclaration damour quil avait un brûlant désir dexprimer par des mots venus droit du cur et de publier sur son blog littéraire nallait pas, il le savait, manquer de lui valoir le rejet du plus grand nombre.
Depuis toujours il vénérait le féminin et cette citation de Kurt Cobain, « nous serions bien avisés de donner aux femmes, qui ont somme toute des instincts bien moins meurtriers que les nôtres, davantage de pouvoir », lue dans le journal de la défunte rock star, il se létait gravée dans la mémoire.
Il se ly était gravée parce quelle correspondait exactement à ce quil pensait du beau sexe. Des icônes il en avait tout un panel et la liste allait en sallongeant.
Côté brunes il adorait à sen damner lactrice Arletty, Patti Smith la poétesse émule de Jean Genet, Wanda Jackson la reine du rockabilly, PJ Harvey lincantatrice rocknrollienne, Siouxsie Sioux la grande prêtresse gothique.
Côtés blondes il vénérait comme des divinités lécrivaine Nelly Arcan, Courtney Love la baby doll grunge à fleur de peau dont la chirurgie esthétique avait ravagé le corps et le visage, Deborah Harry la sensuelle interprète de X Offender et Jennifer Miro, figure de proue des Nuns, une formation punk début eighties, originaire de Los Angeles ou San Francisco, quil réécoutait avec une régularité métronomique.
Puis Marion, semblable à la vierge illuminant Bernadette, lui était apparue.
Vingt-sept ans, dune classe aristocratique et députée du Vaucluse, elle portait un nom diabolisé depuis des décennies et tenait tête à ses détracteurs avec un calme, une élégance, une grâce qui le laissaient aussi songeur quadmiratif.
Le cur ayant des raisons que la raison ignore il était tombé éperdument amoureux delle et passait le plus clair de son temps à rêver de déposer le monde à ses pieds.
Limaginant, la fantasmant nue, il préservait sa pudeur en la couvrant de roses bleues, de roses blanches, de roses rouges.
Les roses bleues existent, il le savait pour en avoir offert à Juliette, une affriolante brunette caractérielle à forte odeur de prédatrice en rut quil ne voyait plus depuis des années.
Juliette, cest sur, aurait abhorré Marion, mais Juliette cétait de lhistoire ancienne et la page était définitivement tournée.
Marion cétait, ici et maintenant, la Marianne dont il désirait ardemment voir le visage sur des timbres postes à la place de celui dInna la triviale ukrainienne, walkyrie des ignobles Ragnanas.
Témoignant un respect inconditionnel à Marion, au soleil quétait sa chevelure irradiante, à la nourriture spirituelle quétait son visage, à la douceur quil dégageait, il ne se masturbait pas en pensant à elle.
Lors de ses séances donanisme il préférait simaginer la tête entre ses cuisses, à lécher le clitoris proéminent dune pulpeuse amante de quatre-vingt kilos.
Raffolant des « grosses » dans la virtualité dune branlette comme au plumard, il cultivait un jardin secret pour les muses quil naurait touchées, de crainte de les salir, sous aucun prétexte et Marion en était la fleur quil arrosait avec une eau dont la pureté évoquait celle du cristal.
Quon se le dise, son engouement pour cette nymphe sibylline, évoluant avec droiture et majesté dans ce panier de crabes quest le microcosme politique, nétait pas seulement lié à la sensualité qui émanait delle.
Il appréciait également le son de sa voix et trouvait ses propos souvent très judicieux. Sa manière de clouer, avec un sourire radieux, le bec de ses interlocuteurs le fascinait, au point quil en restait souvent béat de gratitude.
« Tu es irrésistible ma chère et tendre » pensait-il alors en joignant ses mains en prière pour remercier le tout puissant davoir mis cette créature, moitié ange, moitié démon, moitié féline, moitié reptile, mais toujours rayonnante, sur sa route. « Irrésistible et par les temps qui courent il est réconfortant davoir dans sa vie une femme pour laquelle on se sente prêt à mourir ».
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