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Filles de joie (suite et fin) par BARDAMU

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Et voila que rimmel désespoir me pousse à ouvrir la porte au bout de la scène . Le magicien insomniaque et sans mains s’est endormi une clope aux lèvres. Il m’a demandé d’un regard de l’allumer. Si je parviens à descendre de là je reviendrais quand la cabriole noctambule commence. Je reviendrai chercher les petits allumeurs. Là où nous irons, il ne manque pas d’œillets rouges à incendier sur des costumes d’herbe verte. Là où nous irons, des diamants de rosée ferment les serrures de nos nombrils. Avec eux je me ferai une tunique de vagues espérances toute rapiécée. Les pièces seront de couleurs vives. Déjà il est vrai les allumeurs ne sont plus cloués au cœur de la Cité. Compagnons du vent et de ses ribambelles de nuages ils parviennent à se tenir hors de portée du jet violet des frondes. Le cirque de la profonde foutrerie humaine hésite encore un peu. Les œillets fleurissent dans le ventre des enfances périphériques. Lorsque je sortirai d’ici je déferai la pièce rouge sur ma poitrine. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi elle a tant grandi. Jusqu'à se déployer en claquant au coin des rues. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi je n’ai pas peur de mourir. Au moment où la dernière voiture s’arrêtera, j’aurais déjà accompli douze fois le cycle du plaisir. Le magicien aura des lèvres d’herbe verte et un corps printanier malgré le temps déposé comme un masque entre nous. La ronde des allumeurs se reflétera dans la vitre qui nous entoure et nous retiens captifs d’un ancien rêve se faufiler entre les paumes battantes des spectateurs. La trajectoire des œillets rouges ponctue de ses points d’exclamation le chemin des usines où l’on fabrique des somnifères des paquets de clopes des talons hauts et des corps de papier glacé. Une image délicate de l’homme nous maquille l’un l’autre de petits jours pour ne plus nous quitter. Fille de joie le chemin des usines passe par mes hanches le dimanche quand il fait si bon dormir. Et mon corps enlacé au tien garde dans la prairie de nos draps l’odeur de sueur tendresse des petits allumeurs.

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