Atmosphère de nudité sans contrainte qui règne dans ces lieux : « Cest lété toute lannée et la vie sans slip. Cette vie comprend la mer et la plage. On entend toujours la musique. Là, cest la fête chaque jour. Le vent souffle et on peut faire du surf, se dorer au soleil ou bien danser dans la mer. Lessentiel, cest quici, on peut ne rien faire si on le souhaite ou faire tout ce quon désire. Ce monde inventé est peuplé non pas par de tristes vieux mais par de joyeux fainéants bronzés qui ne veulent pas dire adieu à lenfance. »
Sur la plage de Popivka, à trente kilomètres dEupatoria, tous les ans en juillet et août, près de cent cinquante mille touristes, des fêtards surtout russes, la jeunesse dorée de Russie, dansent comme des fous autour de centaines de disc jockey russes ou étrangers, sur une dizaine de pistes de danse, les femmes les seins à lair, voire le derrière à lair..
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Ces images de fiesta risquent lété prochain de nêtre quun lointain souvenir et vont peut-être laisser place à une séquence un peu plus militaire. Popivka se trouve sur la côté occidentale de la Crimée.
Deux millions dhabitants, vingt-six mille kilomètres carré. Petite presquîle de rien du tout faisant le lien entre la Mer dAzov et la Mer Noire. Lieu de villégiature pour lancienne nomenklatura. Le tourisme représente près dun tiers de léconomie avec trois millions de touristes par an. La région autonome est russe mais formellement ukrainienne.
Des troupes russes se sont mobilisées en Russie mais aussi à Sébastopol et à Simféropol, occupant les aéroports des deux villes de Crimée. Le risque est donc bien un conflit armé entre lUkraine maïdanienne et la Russie.
Arsen Avakov, le ministre ukrainien de lIntérieur, a violemment protesté le matin du vendredi 28 février 2014 : « Je considère que ce qui sest passé est une invasion armée et une occupation en violation des accords et des règlements internationaux ».
Alors, en lisant cette phrase un peu belliqueuse, je me suis dit, ce vendredi matin, quil y avait pourtant une logique à la sécession de la Crimée. La Crimée na jamais était vraiment ukrainienne. Elle a juste été cédée pour convenance personnelle à lUkraine en 1954 à une époque où ces États (Ukraine, Russie) nétaient que de grandes provinces de lUnion soviétique. Aujourdhui, il y a 60% de Russes, 25% dUkrainiens et 12% de Tatars. La quasi-totalité de la population parle le russe.
Vu les intérêts stratégiques de la Russie, cela paraît assez évident que Poutine ne lâchera jamais la Crimée. La Russie a déjà encouragé la sécession de lOssétie du Nord (en Géorgie) et de lAbkhazie (aussi en Géorgie) avec une occupation militaire russe de longue durée.
Mais la différence avec la Crimée, cest que lOssétie du Nord ne compte que soixante-dix mille habitants dont seulement moins de 30% de Géorgiens, et lAbkahzie deux cent quinze mille habitants dont seulement 20% de Géorgiens.
La Crimée est bien plus importante aux yeux de la Russie. LUkraine avait déjà accordé un statut de république autonome pour éviter des revendications russes trop poussées mais il serait illusoire de croire que la Crimée nest pas russe.
En clair, les pays de lUnion européenne seraient bien inspirés de prendre acte de la composition démographique de la Crimée et daccepter la sécession inéluctable de la Crimée avant quil ny ait un futur bain de sang, au même titre que lindépendance du Kosovo (incluse dans la Serbie) ou même celle du Sud-Soudan (chrétien) par rapport au nord (musulman). Ou même lindépendance de la Slovaquie et (au début de la guerre de lex-Yougoslavie), lindépendance de la Slovénie.
Il serait même intelligent que les dirigeants européens réussissent à convaincre les nouveaux dirigeants ukrainiens (pro-européens) de céder la Crimée en échange dune reconnaissance de leur gouvernement par Moscou qui semble pour linstant soutenir Ianoukovitch qui se proclame toujours Président de lUkraine.
Cela pourrait même engager une situation favorable pour que soit réglé un autre problème qui ennuient autant les Russes, que les Ukrainiens et les Roumains (donc lUnion européenne).
Une autre enclave a effectivement fait sécession en été 1992 un peu plus près de lEurope, sans lappui ni le soutien de la Russie, la Transnistrie, sur la bande orientale de la Moldavie. La Moldavie était une ancienne république de lUnion soviétique devenue indépendante et qui est localisée entre la Roumanie et lUkraine.
Officiellement, cet État fantoche se fait appeler "République moldave du Dniestr" et arbore sur son drapeau rouge et vert la faucille et le marteau (des nostalgiques). Elle compte cinq cent cinquante-cinq mille habitants dont à peu près un tiers de Russes, un tiers de Moldaves et un tiers dUkrainiens, plus quelques Polonais dans le nord.
Un référendum en Transnistrie a demandé le 17 septembre 2006 le rattachement à la Russie avec 97% des votants. Des partis moldaves souhaitent au contraire une union avec la Roumanie. Le 11 avril 2008 à Tighina (la capitale de la Transnistrie) a eu lieu une rencontre au sommet entre les deux Présidents, tous les deux communistes, Vladimir Voronine (de la Moldavie) et Igor Smirnov (de la Transnistrie), mais les discussions nont pas abouti.
Bref, tout ce quil y a entre la Roumanie/Pologne et la Russie repose sur des braises encore très chaudes de lincertitude historique.
Après lex-Yougoslavie, lex-Union soviétique vingt après ?
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