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Invasion et raison par Jules Félix

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Atmosphère de nudité sans contrainte qui règne dans ces lieux : « C’est l’été toute l’année et la vie sans slip. Cette vie comprend la mer et la plage. On entend toujours la musique. Là, c’est la fête chaque jour. Le vent souffle et on peut faire du surf, se dorer au soleil ou bien danser dans la mer. L’essentiel, c’est qu’ici, on peut ne rien faire si on le souhaite ou faire tout ce qu’on désire. Ce monde inventé est peuplé non pas par de tristes vieux mais par de joyeux fainéants bronzés qui ne veulent pas dire adieu à l’enfance. » Sur la plage de Popivka, à trente kilomètres d’Eupatoria, tous les ans en juillet et août, près de cent cinquante mille touristes, des fêtards surtout russes, la jeunesse dorée de Russie, dansent comme des fous autour de centaines de disc jockey russes ou étrangers, sur une dizaine de pistes de danse, les femmes les seins à l’air, voire le derrière à l’air.. http://minilien.fr/a0o16u Ces images de fiesta risquent l’été prochain de n’être qu’un lointain souvenir et vont peut-être laisser place à une séquence un peu plus militaire. Popivka se trouve sur la côté occidentale de la Crimée. Deux millions d’habitants, vingt-six mille kilomètres carré. Petite presqu’île de rien du tout faisant le lien entre la Mer d’Azov et la Mer Noire. Lieu de villégiature pour l’ancienne nomenklatura. Le tourisme représente près d’un tiers de l’économie avec trois millions de touristes par an. La région autonome est russe mais formellement ukrainienne. Des troupes russes se sont mobilisées en Russie mais aussi à Sébastopol et à Simféropol, occupant les aéroports des deux villes de Crimée. Le risque est donc bien un conflit armé entre l’Ukraine maïdanienne et la Russie. Arsen Avakov, le ministre ukrainien de l’Intérieur, a violemment protesté le matin du vendredi 28 février 2014 : « Je considère que ce qui s’est passé est une invasion armée et une occupation en violation des accords et des règlements internationaux ». Alors, en lisant cette phrase un peu belliqueuse, je me suis dit, ce vendredi matin, qu’il y avait pourtant une logique à la sécession de la Crimée. La Crimée n’a jamais était vraiment ukrainienne. Elle a juste été cédée pour convenance personnelle à l’Ukraine en 1954 à une époque où ces États (Ukraine, Russie) n’étaient que de grandes provinces de l’Union soviétique. Aujourd’hui, il y a 60% de Russes, 25% d’Ukrainiens et 12% de Tatars. La quasi-totalité de la population parle le russe. Vu les intérêts stratégiques de la Russie, cela paraît assez évident que Poutine ne lâchera jamais la Crimée. La Russie a déjà encouragé la sécession de l’Ossétie du Nord (en Géorgie) et de l’Abkhazie (aussi en Géorgie) avec une occupation militaire russe de longue durée. Mais la différence avec la Crimée, c’est que l’Ossétie du Nord ne compte que soixante-dix mille habitants dont seulement moins de 30% de Géorgiens, et l’Abkahzie deux cent quinze mille habitants dont seulement 20% de Géorgiens. La Crimée est bien plus importante aux yeux de la Russie. L’Ukraine avait déjà accordé un statut de république autonome pour éviter des revendications russes trop poussées mais il serait illusoire de croire que la Crimée n’est pas russe. En clair, les pays de l’Union européenne seraient bien inspirés de prendre acte de la composition démographique de la Crimée et d’accepter la sécession inéluctable de la Crimée avant qu’il n’y ait un futur bain de sang, au même titre que l’indépendance du Kosovo (incluse dans la Serbie) ou même celle du Sud-Soudan (chrétien) par rapport au nord (musulman). Ou même l’indépendance de la Slovaquie et (au début de la guerre de l’ex-Yougoslavie), l’indépendance de la Slovénie. Il serait même intelligent que les dirigeants européens réussissent à convaincre les nouveaux dirigeants ukrainiens (pro-européens) de céder la Crimée en échange d’une reconnaissance de leur gouvernement par Moscou qui semble pour l’instant soutenir Ianoukovitch qui se proclame toujours Président de l’Ukraine. Cela pourrait même engager une situation favorable pour que soit réglé un autre problème qui ennuient autant les Russes, que les Ukrainiens et les Roumains (donc l’Union européenne). Une autre enclave a effectivement fait sécession en été 1992 un peu plus près de l’Europe, sans l’appui ni le soutien de la Russie, la Transnistrie, sur la bande orientale de la Moldavie. La Moldavie était une ancienne république de l’Union soviétique devenue indépendante et qui est localisée entre la Roumanie et l’Ukraine. Officiellement, cet État fantoche se fait appeler "République moldave du Dniestr" et arbore sur son drapeau rouge et vert la faucille et le marteau (des nostalgiques). Elle compte cinq cent cinquante-cinq mille habitants dont à peu près un tiers de Russes, un tiers de Moldaves et un tiers d’Ukrainiens, plus quelques Polonais dans le nord. Un référendum en Transnistrie a demandé le 17 septembre 2006 le rattachement à la Russie avec 97% des votants. Des partis moldaves souhaitent au contraire une union avec la Roumanie. Le 11 avril 2008 à Tighina (la capitale de la Transnistrie) a eu lieu une rencontre au sommet entre les deux Présidents, tous les deux communistes, Vladimir Voronine (de la Moldavie) et Igor Smirnov (de la Transnistrie), mais les discussions n’ont pas abouti. Bref, tout ce qu’il y a entre la Roumanie/Pologne et la Russie repose sur des braises encore très chaudes de l’incertitude historique. Après l’ex-Yougoslavie, l’ex-Union soviétique vingt après ?

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