Sa maison est un capharnaüm d'objets dépareillés : on dirait quelle a rapporté de ses escales toute la culture du monde et qu'il en est resté ces bribes matérielles, chacune si belle, et si vibrante de vie...
un oud de Turquie,
des tablas dInde
des flutes d'un peu partout...
des batiks d'Indonésie,
une icône peinte d'Arménie
des patchworks du Rajasthan
des statuettes dogons du Mali,
des petites bouteilles de sable de toutes les couleurs,
une infinie collection dobjets où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe.
des twin towers où que quand on les retourne, il y a la neige qui tombe
un chameau où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe
un cocotier des Maldives où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe
un bouddha où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe.
La lumière ricoche sur toutes ces traces de migration.
A chacune de mes visites chez elle, à chaque thé siroté, à chaque nuit d'étape sur ma route, souvre un chant du monde où ma fascination se revigore.
Dans sa caverne de baba béate, dans l'air vibrant de son humour décapant, des histoires flottent, elle raconte.
Elle a remarqué que je semble toujours rêveur en regardant deux objets côte à côte.
Deux petits cadres ornés de nacre, lun avec une vieille photo delle dans les bras dun homme dont on ne voit pas le visage, lautre avec une vieille photo de moi tenant une femme dont on ne voit pas le visage.
Ce jour-là, avec son éternel sourire, elle me dit : « On repart ? »
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