Chaque matin, sortir du lit. Trouver comment. Chercher des raisons. Extirper de son horizontalité morne ce corps trop chargé et le rendre à sa verticale splendeur. Dénombrer ses os, les remettre en bon ordre. Déplier ses doigts. Dégager les orteils. Sortir la tête plombée des épaules et la faire pivoter d'un côté de l'autre. Déployer ses bras. Tenter un pas.
Vertige.
Savoir qu'au bout du couloir, la porte. Le Monde. Le dur le cruel. Se jeter dans la rue. Dans le bruit la fureur. Trimballer ses vieux os avec soi jusqu'au bout. Les entendre craquer. Et ce bruit du cercueil que l'on ferme.
Lourde sur soi la vie. Chaque matin est un défi.
Non, ce n'est rien. Je ne suis pas le seul. Tout le monde connait ce supplice de vivre alors qu'en nous déjà rôde une mort qu'on souhaiterait presque. Enfin on le dit, on le croit. Ce n'est pas une raison pour la taire cette douleur des matins tristes. Ce n'est pas une raison pour faire semblant. Il faut bien se consoler tout de même. En la gravant à l'encre, avec des mots, sur du papier ou sur un mur, on allège sa peine. On en fait des rubans.
Et comme elle est douce alors cette impression de mieux. Quel bonheur étrange que de partager avec vous, mes frères de misère, cette amertume et ce chagrin, et ce petit malheur tordu et boitillant des commencements de journée.
Alors je me sens devenir bien vivant. Avec mon squelette qui tremble et mes pas mesurés. Je ne suis plus si seul, en péril sur mon fil. Je sais que je vais pouvoir poursuivre la traversée.
Je suis certain que je ne tomberai pas.
Il y a de ces hommes pour lesquels le défi est une réelle source d' inspiration au sens propre comme au figuré : voici en lien une expérience époustouflante ! et un témoignage aussi....vous comprendrez...
Juste se laisser aller ...à ce temps suspendu..
http://youtu.be/8jov-HMaOPQ
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