Avant laverse, les étangs miroitent encore sous léclair de lune, cest la nuit sur la route, je suis la passagère. Tu me dis dattacher ma ceinture de sécurité et que cest dingue davoir à me le dire. Derrière le pare-brise, les flocons de neige twistent maintenant dans les phares, des légions de bahuts étincelants de « home sweet home » nous croisent. Parfois la route se profile sur un futur proche, parfois elle est déjà dépassée, contrainte dabdiquer vers la départementale. Les bas côtés habités des ajoncs et genêts sont fantomatiques.
Tu me demandes : « tu ne dis rien... ça va au moins ? ».
Lautomobile fend le noir.
Je suis la passagère, il fait chaud dans lhabitacle, cest un cocon. Tu fredonnes un air de rien. Des lièvres courent au devant des halos falots, je vois des hameaux désertés, des fermes au repos et plus loin quelques caterpillar sur des parkings rouges orangés. Je sais des familles déchirées, des personnes en lutte, dautres qui disent bye bye la vie, je connais des amitiés bizarres, je savoure le soir au coin de la table, je connais l'heure du silence, je vois des images de hasards, jai des entrevues avec des subtilités...
Je suis la passagère, la route continue, que dire de mieux.
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