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Faut arrêter là par Jules Elysard

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Jeudi 21 octobre : « En raison de la présence de manifestants au dépôt d’Achères, le trafic est perturbé sur la ligne A du RER. ». Montés en tête de ligne, nous avons pu trouver des places assises. Déjà, une partie de voyageurs est debout. Pendant que j’essaie de m’intéresser à mon livre (La société malade de la gestion, si, si…), une dame dont la présence est certainement indispensable à la bonne marche de son entreprise passe des appels et, entre deux appels, nous livre son analyse de la situation, et ses commentaires sur les annonces que fait de temps en temps un conducteur pas très à l’aise dans la communication: « Faut arrêter, là. Quand c’est pas une grève, c’est un incident ou un malaise. On est vraiment pris en otages. Les cheminots gagnent 4500 € en fin de carrière. Plus que dans le privé. Si un contrôleur passe, il va m’entendre.» Ces propos ont été repris dans tous les sens pendant une heure. Ca pouvait être aussi : « . Les cheminots gagnent 4500 € en fin de carrières. Plus que dans le privé. Si un contrôleur passe, il va m’entendre. Quand c’est pas une grève, c’est un incident ou un malaise. On est vraiment pris en otages. Faut arrêter, là» On a deviné que la dame travaille dans le privé et ne gagne pas 4500 €. En passant, elle a déclaré : « Dans le privé, on n’a pas le droit de faire grève ». J’aurais pu la rectifier : « Le droit de grève existe aussi dans le privé, mais vous n’avez peut-être pas la possibilité matérielle ou le courage de l’exercer (pour ne pas déplaire à votre patron, par exemple). » Mais je n’ai pas eu le courage d’engager une conversation avec une personne qui a si peu le sens de la mesure et du poids des mots. « On est vraiment pris en otages. » : c’est une insulte pour tous ceux qui sont réellement pris en otages. http://pointscommuns.liberation.fr/lamoucheducoach.blog.lemonde.fr-commentaire-medias-86375.html Un voisin a fini par interrompre la petite dame. Il lui a dit que tous les cheminots ne gagnaient pas 4500 €. Elle a été très fâchée de se voir contredite. « Vous êtes fonctionnaire ? », lui a-t-elle demandé. Il était fonctionnaire, le con. Elle a triomphé. « Faut arrêter », dira-t-elle quand elle aura un malaise. « Arrêter le train ? Vous n’y pensez pas, ma petite dame. Les otages veulent des trains qui arrivent à l’heure. »

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