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Aux maths citoyens ! par Jules Félix

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Formez vos équations ! Cherchons, cherchons ! Qu’une conjecture Aligne nos crayons ! Oui, je sais, c’est d’autant plus stupide de crier cocorico que j’ai toujours considéré les sciences comme apatrides. Mais franchement, pourquoi ne pas être fier de cette France qui gagne ? D’autant plus que je préfère mille fois une France qui se distingue par ses mathématiques que par son football. Aujourd’hui, en marge du Congrès international des mathématiciens qui se réunit cette année du 19 au 27 août dans le sud de l’Inde, à Hyderabad, ont été remises quelques récompenses prestigieuses pour les mathématiques. La première, l’équivalent du Nobel (Alfred Nobel aurait refusé la création d’un Prix Nobel de mathématiques sous prétexte qu’il aurait été cocufié par un mathématicien, explication basée surtout sur des rumeurs), c’est la Médaille Fields. C’est même plus "récompensant" que le Nobel car elle est délivrée tous les quatre ans et pas tous les ans. Et détail intéressant pour des chercheurs, elle n’est attribuée qu’à des mathématiciens de moins de quarante ans. Comme ce fut le cas pour les Nobel quantiques des années 1920… L'un des lauréats 2006, le Russe Grigori Perelman avait refusé obstinément la médaille, alors qu'en démontrant la conjecture de Poincaré (j'y reviendrai peut-être dans un autre com'), il avait montré qu'il était l'un des plus brillants esprits du moment. Parmi les quatre lauréats 2010, deux sont français, un est russe et un israélien. Cela place la France en deuxième rang avec onze lauréats sur les cinquante-deux médailles décernées en tout depuis 1936 derrière les Etats-Unis (treize). Il s’agit de Ngo Bao Chau (trente-huit ans) d’origine vietnamienne qui vient d’être naturalisé cette année (on espère qu’il ne sera pas déchu !) qui a pondu il y a deux ans une démonstration choc de cent cinquante pages pour démontrer une conjecture appelée "Lemme fondamental" proposée en 1987. Ce travail a été considéré par le "Times" comme « l’une des dix plus belles découvertes scientifiques » de l’année 2009. Ngo Bao Chau enseigne à Orsay (Paris 11), l’une des universités les plus cotées du monde (selon le dernier classement de Shanghai, à la quarante-cinquième place mondiale et à la deuxième française). Il s’agit aussi de Cédric Villani (trente-six ans), directeur de l’Institut Henri Poincaré à Paris depuis un an et professeur à Normale Sup Lyon, qui a travaillé sur l’amortissement de Landau et l’équation de Boltzmann, un équation essentielle pour décrire les gaz et les plasmas. Ses travaux vont aider l’industrie aéronautique et nucléaire (ITER) dans la programmation de nouvelles simulations numériques. « Je suis à l’extrémité la plus théorique de ceux qui travaillent sur ce sujet ». Les deux autres lauréats sont l’Israélien Elon Lidenstrauss (quarante ans) sur ses travaux sur la mesure de rigidité en théorie ergodique et leurs applications à la théorie des nombres, et le Russe Stanislav Smirnov (trente-neuf ans), professeur à Genève, sur ses travaux sur la physique statistique et la percolation. Autre cocorico, le Prix Gauss a été lui aussi attribué à un Français, Yves Meyer (soixante et onze ans), pour ses travaux sur la théorie des nombres et sa contribution exceptionnelle dans la théorie des ondelettes qui a fait faire un bond singulier au traitement du signal. Voilà un visage de la France d’origines multiples qui restera toujours furtif : les chercheurs sont généralement des personnes modestes et passionnées qui préfèrent passer leur temps à poursuivre leurs idées plutôt qu’à pérorer sur les plateaux de télévision. Dans l’idée de construire le monde, à quoi servirait de gagner une coupe du monde de football ? à quoi servirait d’avoir de grands mathématiciens ? La première hypothèse ne donnerait que quelques fortunes éphémères (et dérisoires) à des marchands alors que la seconde permettrait peut-être de réduire les coûts des transports aériens ou encore de parvenir à démarrer la fusion nucléaire, ce qui reviendrait à dire, d’en finir avec le problème des énergies fossiles. Cette science n’est pas nationale et ce genre de congrès mondial montre une fois encore, que ce soit pour les mathématiques ou pour d’autres disciplines, que la coopération internationale est la seule voie de progression rapide. Puissent les gouvernements nationaux prendre exemple sur cette manière de travailler en s’enrichissant des différences ! Pour ceux qui veulent s’y retrouver dans le vocabulaire mathématique, voici un excellent petit guide : http://thedolphin.wordpress.com/2006/09/28/jargon-mathematique/

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