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les dessous de mon histoire par Olga2048

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En matière de soutien gorge, j’ai l’achat impérieux et la fidélité chevillée au corps comme une seconde peau. Je ne me suis rendue compte de ce phénomène que lors de mon dernier achat et du coup, je suis allée fouiller dans mon casier à soutien gorge. Je les ai visités comme on visite un ancien carnet de bal. Je suis incapable de les jeter (enfin, certains si, …ceux sur qui je ne peux pas mettre un nom) et pour tout avouer, ils m’encombrent plutôt. Il y a le tout premier, taille 70, en coton et broderie anglaise, de marque Rosy. Son blanc virginal n’est plus qu’un lointain souvenir mais jamais il n’a été fébrilement dégrafé : j’avais 10 ans et je rentrais en 6ème. Le deuxième plus ancien, c’est un soutien gorge d’allaitement. C’est mon mari qui l’avait acheté pendant que j’étais à la maternité, je débordais des miens sans plus pouvoir contenir mes seins gonflés. Il avait, je me souviens du fou rire des vendeuses lorsqu’elles m’avaient raconté sa visite, demandé la taille 150 ! Il avait juste déplacé le 0. Ces deux là, je les trimballe de déménagements en déménagements, ils ont accompagné une partie de mon histoire. Puis il y a un grand vide pour arriver à ce bleu. C’était la première fois que j’osais porter de la couleur. Je l’avais acheté en Bretagne lors d’un voyage de rattrapage de couple. Il ne devait pas être à la hauteur de ses espérances, le couple s’est détricoté tout doucement. Mais ce soutien gorge est resté. Il y en a un qui manque, très peu porté, perdu sans doute... A. avait laissé un message sur mon répondeur : « je viendrai te chercher à Orly, prends une tenue légère ! » En plein mois d’avril pluvieux et froid, je m’étais dit que pour cet anglais, une « petite tenue » était peut-être ce qu’il appelait une tenue légère. Il n’avait même pas remarqué le jaune soleil de cet accessoire qu’il avait jeté à l’autre bout de la chambre d’hôtel de conte de fée dont les fenêtres s’ouvraient sur les jardins de l’Alhambra. Pas plus que le soutien gorge, pourtant superbe, cette relation n’avait duré : j’y étouffais. P. m’avait offert « Les communistes » roman-pavé d’Aragon. Son soutien gorge fut rouge. Durant les cinq ans qu’a duré notre relation, il ne s’est pas passé six mois sans que je prenne la décision de le quitter, mais chaque fois, il disait LE mot, faisait LE geste qui me retenait encore un petit peu. Je fis l’achat de ce soutien gorge à l’occasion de la dernière tentative de construire quelque chose de vivable entre nous. Celui-là, je l’ai usé jusqu’à la trame. Il était vraiment ma deuxième peau. Délavé, détendu, déchiré, je le portais encore il y a quelques mois, malgré les autres, les nouveaux. Mais allez donc savoir pourquoi ce sont les soutiens gorge de la dernière chance que je garde de ces deux P. ? (mon mari aussi était un P.) Ensuite il y en a eu deux bleus (ciel et marine) et un blanc, mais c’était juste des plans cul. Sans commentaire. Il faut bien changer de sous vêtements de temps en temps. Puis un gris et rose. Je l’aime beaucoup celui-là. Je sens que je vais avoir du mal à m’en séparer… Et puis dernièrement, lorsque l’idée est venue me caresser que peut-être il serait temps que je fasse de la place pour quelqu’un qui vienne mettre ma tête, mon cœur, mon lit et ma vie à l’envers, j’ai ressenti ce besoin impérieux d’aller faire l’acquisition d’un nouveau soutif, alors que je n’en ai nul besoin. Je porte d’ailleurs en ce moment ; il est tacheté de mauve et de parme sur fond violet foncé. Mais ce n’est qu’après le premier lavage à la main (comme il se doit), qui a suivi un premier rendez vous, que je me suis rendu compte que, cachée sous la rose, entre les deux seins, il y avait une initiale. Croyez moi ou non, c’est celle du prénom de celui sur qui j’ai jeté mon dévolu !

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