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Le fouet de GOREY par Fosterwelles

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Une grande puissance m’entoure. Cette puissance, c’est l’espace… …au bout de la mer s’est posé un segment de cercle flou, comme une sorte de lumière pâle, …à peine un demi centimètre discernable se fermant sur le bleu de brume d’un ciel sans fin. La mer, elle, est nerveuse, …sa surface se plisse en vagues soulignées par une ride d’écume blanchâtre ; son drap est fripé, peut-être que les poissons font si violemment l’amour que l’élément d’eau s’en trouve bouleversé. Il y a de l’humeur dans tout cela, une sorte de colère que la sérénité couvrirait de son charme ambiant… Le soleil est assommant, le vent d’une rage–déflagration semble m’entretenir du voyage volant que sa puissance s’essaie à m’offrir. Rien n’ose lui résister, aucuns concepts diaboliques si ce n’est lui, sa propre éminence tyrannique. Ses soldats sont fidèles, courageux, multiples, ils se glissent sous le visage des nappes de sables, des frusques de poussières, et en masse, pores après pores, les voilà qui s’élancent, les grains en avant, brillants, noirs, crèmes et grisés, les cristaux à l’assaut, tantôt cinglant les corps, aidé en cela par le soleil brûlant qui rougit les peaux inaccoutumées, tantôt les rongeant, tantôt les immergeant par son armée : ce sont les fidèles fantassins du vent océanique, accrochés à la lutte pour l’éternel recommencement terrestre (une limite simplifie bien souvent la compréhension, n’est-ce pas ?). Autour, tout se moque de votre inadaptation sur ce sol neuf ; la marée trompeuse qui d’un coup semblable, vous abandonne à la stupeur, le vent tyrannique qui vous lacère l’épiderme en flamme (général d’une armée césarienne de quelques milliards de corps tranchant de silicium), les mouettes mobiles, évadées des prisons du ciel, tournent, s’agitent et oublient leurs réinsertions terrestres (est-ce fou de préférer l’existence de la terre, là, haut dessus des enfers ?), jouant avec le vent en führer, de votre calme, par leurs rires sortis droit des abîmes infernaux, fraîchement humains… ces bienheureuses comédies naturelles réussissent, par je ne sais quelles magies, à vous libérer des tracas de quotidiens laborieux… on dirait que le vent extrême, au lieu de vous chuchoter à l’oreille des mots plaisants limités dans leur concept, vous pénètre d’un coup sec la centrifugeuse cérébralisante multisensorielle et emporte le paquet de moisissures qui tant embarrasse. Pour tout cela, remercions la Nature : cette étrange création, cette impossible contradiction … cette sphère de laquelle nous tentons de fuir, chaînes aux talons. * * * Me voilà, ensablé bienheureux ! A vingt pas de l’emplacement qui tendit ses bras à ma serviette considérée de plage… deux anglais ont construit un château bien modeste sur la plage, convaincu de sa branlante architecture, de la rugosité de ses lignes… dans une malheureuse heure, ses fondations laissées à l’épreuve du vent, seront avalées puis mâchées, puis écrasées par le va-et-vient inconstant, sensualisant, de l’Océan. Rien de ce qui vient de l’homme ne peut persister, sauf peut-être sa mortalité… C’est ainsi, pareil aux papillons, nous jouissons et créons de par notre éphémère réalité. Soyons heureux de cette poussiéreuse chance, il le faut ! Jouissons en liaison, en opposition de l’unisson naturelle, mais évitons le compromis, nous sommes trop faibles… notes vulgaires de la symphonie fantastique supérieure ! Gorey, 27/07/1999

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