Au siècle dernier, seuls les fous parlaient seuls dans la rue. Aujourdhui nos villes sont remplies de passants qui conversent avec des gens qui ne sont pas là. Munis de leurs oreillettes, un bout de plastique entre loreille et la bouche, ils parlent.
Et au-dessus des trottoirs sélève la rumeur des milogues. Ces dialogues dont un tiers ne peut saisir que la moitié et imaginer le reste. Villes étranges, peuplées de personnes pressées, transportant leur petits univers mobiles avec eux. Des histoires. Des bribes de vies quon entend ça et là. Toutes ces phrases. Dans un espace donné. Comme dans une sorte de fleuve. Une sorte de danse. Si le concept de réseau nexistait pas, tout ceci naurait aucun sens.
Cette chanson de Dominique A, ne parle pas de ça. Elle est beaucoup moins prosaïque. Mais elle parle. Il y a une femme. Ses yeux qui sourient. Ses beaux cheveux plaqués. Ses ridules. Elle parle à des gens qui ne sont pas là. Cest à ce moment là quelle semble séveiller. À la terrasse dun bar. Il y a un type qui ne désarme pas. Un autre type qui dis je. Il la voit tout les jours. Il nest pas là non plus. Cest pour ça que cest facile pour elle de lui parler. Et lui aussi parle à celles et ceux qui sont en lui. Un petit mot gentil à chacun-e.
Quand jai entendu cette chanson pour la première fois dans sa version acoustique sur le DVD de M. Ané aux Bouffes du Nord , elle ma immédiatement touchée. Je ne saurais dire pourquoi. Elle a quelque chose duniversel comme toutes les belles chansons. On se parle tous tout seul. Dans notre tête. À des gens. Derrière nos écrans. Nous sommes seuls. On se parle.
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