Dans cet immense lit où tu m'as délaissé, je me suis ancrée au délicieux balancement des heures indolentes. Les yeux clos je me love et je rampe vers ton odeur piégée dans les plis paresseux de la couette.
Miettes de plaisir, éclaboussures de toi encore plein la tête, j'écoute cette délicate musique qui consume peu à peu le silence de ta chambre.
Tes doigts sur le clavier dans la pièce d'à côté grignotent ma raison à petits coups de dents.
Ça crépite, ça cliquette dans toute la maison.
Surgissant des profondeurs d'une machine à écrire, des oiseaux qui picorent et des loirs qui cavalent sur les planches du grenier, voilà un bien joli refrain pour bercer mon ennui.
Je ne suis plus qu'un fruit roulant dans la poussière d'une grange oubliée.
Juste sous le soleil qui rit dans la lucarne.
Et toi, absorbé par ton maudit roman, tu n'as rien vu venir.
Avides de combats silencieux au fil des rubans d'encre, tes héros de papier m'ont depuis bien longtemps jetée aux oubliettes...
Un renard affamé est venu me humer.
Sur ma peau de velours, sa langue de menteur déroule ses boniments.
Recroquevillée au bout de cette gueule brulante, sans pudeur je me laisse embrasser.
Lorsque ton estomac, de famine enfin te harcèlera , sous tes draps en bataille un pauvre noyau presque froid te chantera ceci ...
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