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Bien épaisse svp par Lechainonmanquant

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Je me taperais bien une tranche de vie épaisse comme un roman de Zola, oui c'est vrai j'avais dit "jamais", mais quand l'addiction est là, on commence en douceur avec la ténacité d'un coureur de fond et on épaissit le trait au fur et à mesure, quand le vin est là aussi, cela ne sert à rien de se tirer il faut laisser la situation se décanter. La lame est étincelante et le crime si beau, alors on taille joyeusement dans le lard, les chairs à vifs saupoudrées de saumure pour retarder la cicatrisation et se rappeler que vivre se mérite. J'avais dit aussi que je partirai et puis je suis toujours là. Au final le bilan de tout ce que j'ai dit que je ferai, doit être aussi lourd que tout ce que j'aurai du faire et qui est resté accroché au porte manteau. Avec mon petit pull marine, j'avais l'air d'un con ma mère, l'histoire m'a appris que je n'avais pas que l'air. Bien sur je n'étais pas seul dans le champ à ramper sous les barbelés, il y avait Vincent, Paul, François, et les autres quelques vaches aussi perdues sans leur prisonnier , les choses de la vie en quelques sortes, pas de quoi fouetter un chat juste peut être à vous rendre malheureux comme si le bonheur ne nous intéressait plus et que vous faisiez tout pour l'éviter. Chacun trainait son boulet, le boulet standard que l'on trouvait dans le catalogue Manufrance, et disponible maintenant dans tous les distributeurs automatiques entre les préservatifs et les cœurs perdus. Ils sont tous identiques mais beaucoup d'entre nous rêvent de les personnaliser, c'est important pour notre égo, c'est la projection de notre inconscient, de notre fuite en avant qui s'accroche à nos arrières, une encre que l'on jette à la mer comme une cartouche usée. La corde était là, suspendue à nulle part, se promenant sur nos têtes, Qui allait saisir cette queue de Mickey ? Qui allait oser rejoindre Scylla ? Il y a un je ne sais quoi en moi qui me pousse toujours à aller rejoindre mes regrets, à me faire mal pour goûter ce moment indicible quand cela s'arrête. J'ai tendu le bras et joint la main au geste, le chanvre était lisse et doux au touché, idéal pour faire une cravate et retenir un souffle de vie. Mon corps était devenu inconsistant comme mon esprit en vagabondage, sans forcer je me suis hissé vers les profondeurs abyssales, le cordon devenait poisseux et à l'intérieur s'écoulait le sérum de vérité, projection nombriliste de ce que je pensais être. J'arrivais au premier nœud et ne m'y attardais pas, filant vingt nœuds à l'heure il me fallut moins d'un quart d'heure pour arriver au bout de mon histoire, le dernier nœud communiquait avec celui que j'avais fait à mon mouchoir. J'ai souvent fait des nœuds à mon mouchoir, mais c'est comme les nœuds au cerveau c'est rassurant au moment ou on les fait, mais un nœud c'est toujours une entrave et jamais une bouée de sauvetage. Alors j'ai déplié le mouchoir et lu mon message "bienvenue sur le radeau de la méduse". J'avais toujours cru que ce radeau c'était une histoire d'équipage ou de famille qui luttait pour survivre, hé bien non, c'est une aventure personnelle où l'on vogue à lame de fond en déshérence. J'accrochais et bordais mon mouchoir déplié sur le mat, capitaine sans gouvernail, seul maître à bord je savourais la tasse tchin tchin qui m'était gracieusement offerte. Avec un cœur gros comme ça, j'aurai bien mis les yeux à dessaler mais à quoi bon, quand la coquille se referme l'amertume vous ressert une autre tournée. Un marin tient toujours debout, même quand le tord boyau de fond de cale déverse ses aigreurs d'estomac. L'ivresse des profondeurs vous enroule dans ses tentacules cajoleurs et vous berce dans l'écume des jours. Contre vents et marées je dérivais vers le triangle des Bermudes, j'allais faire le malin avec Méphisto et Belzebuth la descente aux enfers du triumvirat commençait et le chagrin y laisserait sa peau dans la noyade. Se faire remplacer par un téléphone transformé en bisounours, devenir un tissu de mensonges apostrophé par les post it du mépris, encordé des entrelacs chimériques, le suc gastrique du monstre me dissolvait. La corde était redevenue lisse, plus loin que le fond je débouchais dans le néant, c'est Hadès en personne qui coupa la ficelle, et je retombais dans l'herbe à vache. Au dessus de nos têtes se balançait une corde ……. Dans la cheminée pendu au crochet, le superbe jambon de mayence attendait que la vie vienne le saisir à pleines dents. Tout le monde le regardait et pensait aux belles tranches qui restaient à découper. Lcm

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