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Je ne suis pas gentil... par The Dreamer

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Avez-vous déjà joué au jeu des qualités et des défauts ? Cela peut rapidement devenir gênant pour peu que l’on fasse preuve d’honnêteté dans ses réponses, que l’on ne veuille pas tricher, que l’on se prenne au jeu. Notre caractère évolue selon les individus avec le temps et les expériences que la vie met sur le chemin de chacun. Au petit à petit des rencontres, nous nous transformons. Mais, par delà les strates changeantes de nos humeurs, demeure notre personnalité foncière, ce qui nous caractérise intimement. Certains traits de caractère nous marquent de façon indélébile, comme le ferait une empreinte digitale. Vous savez ceux que les autres vous reconnaissent d’emblée, lorsqu’on leur pose la question en leur demandant de répondre sans trop réfléchir : «Comment me décrirais-tu ?» Durant quelques secondes, fébrile, on attend que fuse la réponse. Ce jeu ne peut se faire sur l’apparence, mais, en connaissant suffisamment l’individu que l’on est censé habiller de telle ou telle veste. Rétrospectivement, quand je me retourne et que j’observe sincèrement quelle étiquette me colle à la veste, que je regarde en arrière, je me dis modestement, qu’il est à ce jeu une qualité que beaucoup m’ont reconnu depuis mon plus jeune âge. Au temps des culottes courtes, dans les réunions de famille, celles où les parents s’empiffraient des heures durant pendant que les gamins s’ingéniaient à faire des bêtises, tant ils s’ennuyaient, lorsque l’assemblée venait entre la poire et le café à évoquer les enfants, décortiquant comme on dépiauterait une arachide, les faits et gestes de chacun des bambins de la fratrie, invariablement la réponse fusait quand arrivait mon tour : «Il est gentil !» Aujourd’hui encore, j’en entends l’écho dans les relations qu’elles soient amicales ou professionnelles toujours le même : «Il est gentil !». Est-ce un conditionnement parental, qui fait qu’à force d’entendre cette sentence, je lui suis devenu réellement avec l’âge ou était-ce chez moi inné ? Je ne sais pas. «Il est gentil !» - Merde ! Ca fait plaisir et en même temps à bien y réfléchir cela fait plutôt mal. Depuis toujours, ce qui apparaît comme une qualité plus qu’appréciable chez un enfant pour ses parents, sous-entendu : «il ne fait pas chier son monde !», peut être perçu adulte, comme suspect. A bien y réfléchir, j’aurais préféré : «il est intelligent !» - Qualité qui arrive chez moi juste après cela dit. Enfin, d’après moi. Ca compte quand même j’espère. Non, ce qualificatif de gentil me colle à la peau. Gluant, impossible de m’en défaire. Je devrais être enchanté d’une telle «réputation», pourtant je grimace. Qui dit «gentil», dans l'inconscient collectif pense inoffensif, rien à craindre de lui. Vous pouvez tout lui demander. Ce n’est pas une constante, mais, souvent le qualificatif à une connotation plus ou moins péjorative. Dans une société du chacun pour soi, passer pour un gentil, dénote dans le paysage. Cela vous classe à part. Une espèce en voie de disparition. Une bête curieuse qui étonne. Dans certaines circonstances, cela peut vous offrir la position peu enviable de cible potentielle à tous les tirs au flanc, flagorneurs et autres profiteurs. En caricaturant à peine, je dirais qu’il vaut mieux être loup, qu’agneau, mordre plutôt qu’être mordu (j’en ai fait l’expérience pas plus tard qu’hier). Une «réputation» pouvant dévier aisément vers la naïveté, l’hypocrisie, la passivité, la faiblesse de caractère ou que sais-je encore. Quoi qu’on en dise elle dérange. Elle provoque l'interrogation. Elle questionne. Que se cache-t-il sous le masque ? «Il doit avoir quelque chose à se reprocher…» - La suspicion fait son chemin. Certaines personnes ne vous calculent pas comme on dit aujourd’hui. Surprises par votre comportement qui dénote avec l’ensemble : «il ne s’emporte jamais, pas un mot plus haut que l’autre !» - Certains voudraient pouvoir vous secouer. Etre gentil ne signifie pas pour autant être lisse et sans personnalité. Ce n’est pas mon cas. Chez moi, c’est un comportement bienveillant et franchement égoïste : je fais du bien à autrui, pendant que je m’en fais à moi-même. C’est ça, je ne suis pas gentil, j’aborde les autres avec bienveillance et je préfère très nettement cette façon de voir. Je considère simplement que dans une société où tout n’est que course, relations tendues, compétition, sans-gêne, brutalité, être bienveillant, permet d’arrondir les angles des relations, de mieux communiquer. Cela ne coûterait pas plus cher que chacun retrouve en lui une bienveillance naturelle au quotidien (sans pour autant se laissait marcher sur le pieds) et ce serait tellement bon.

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