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VERT COMME L'ENFER par ICOMMEG

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Les Cressonnières C'était pendant les années 60, on avait loué un terrain, on y campait chaque week-end au 1er top des beaux jours et pendant les vacances scolaires. On avait déjà reçu les consignes « surtout les enfants n'allez pas « par là » c'est des sables mouvants » Nous n'étions pas les seuls, il y avait un type avec une dauphine jaune dont il briquait les chromes avec acharnement et aussi quelques caravanes. On a tôt fait de former une petite communauté et de se revoir à Paris pour certains Comme toujours, nous étions les seuls de la famille à « posséder » un coin de verdure, ça drainait du monde, trop, des cousins jamais vus, des tantes criardes avides de bisous, des tontons rigolards Quand leur arrivée était annoncée, je me bouffais le foie, dire bonjour devant une foule me terrorisait. Avec mon frère (celui qui, avec mon aide, avait mis le feu à la maison en plantant une fourchette dans une prise, avec qui j'allais bronzer sur le toit de notre immeuble, en passant par l'escalier du grenier qui menaçait de s'effondrer) tout ça pour dire qu'on était jamais à cours de conneries, et qui avait pavassé les flics en 68. Il était aussi timide que moi, quand on a vu le cortège de voitures arriver, on s'est sauvés. Dans le coin y'avait des sables mouvants et les cressonnières du Père Rejas. Avec une perche, Il brassait à longs gestes doux une bouillasse verte que n'aurait pas renié HULK « Dis tu fais quoi » il ne répondait jamais mais nous laisser bourdonner près de lui. Bref, quand le cortège est arrivé à la tente, nous on a pris la tangente, le frangin s'est enlisé dans les sables et moi j'ai plongé dans la cressonnière, y'avait des milliards de tiges molles qui s'enroulaient autours de moi, une horreur mais moins terrifiante que toutes ces joues à embrasser. Ce n'est qu'un long moment après que « mais Ils sont où » la traque a commencé et une traque lancée par maman, c'était la mise à mort assurée !! J'entends les cris mais je ne bouge pas de ma mélasse verte. Le Père Rejas a tiré mon frère de ses sables mouvants et a aperçu dans ses cressonnières des boucles brunes non comestibles, je fus extraite, verte et boueuse. On s'est pris une raclée chacun, distribué autant de bisous qu'il y avait de joues........................ tout ça pour rien !! Finalement, ils étaient sympas les cousins, on les a entraînés dans nos jeux crétins. Le soir, j'ai entendu Maman pleurer sa peur. On a quitté le camp un soir d'orage, terrible, apocalyptique, un chêne s'est abattu de tout son tronc sur la caravane de nos amis qui par chance n'étaient pas là. On s'est entassé dans la voiture direction Paris mais il pleuvait si fort qu'on a pas pu dépasser Morets. On a pris une chambre et on a voulu dîner et j'ai vu le regard de Maman s'arrondir d'horreur, sur le comptoir trônait un saladier avec des vestiges de salades et …............. une brosse à cheveux plantée dedans ! Pas question de manger ici, on s'est réfugiés dans la chambre, on a tendu nos duvets sur les draps et l'enfer a commencé « maman c'est quand qu'on mange » « maman j'ai soif » « dis papa c'est quand qu'on rentre chez nous »........... toute la nuit ou presque, litanie multiplié par trois. Moi j'aurais tué pour moins que ça ! Le lendemain, on est revenu au camp, dévasté, ceux qui n'avaient pas voulu bouger nous ont offert un ptit déj. On a démonté la tente et cinglé vers des cieux plus cléments, Paris et notre appartement baigné de soleil. Fin de nos vacances à Moret sur Loing. Je ne remercierais jamais assez cet orage qui nous a fait franchir l'Estérel, découvrir le Sud, son cortège de parfums et des origines dont je n'avais pas encore conscience.

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