Ce film, je le revois 2 fois par mois avec un verre de Bordeaux et une tranche de Gorgonzola! Inutile de me chatouiller les pieds avec la langue, de sortir la photo du président ou d'épiler mon chat, je n'existe plus que pour ce film et celles et ceux qui le regarde avec moi!
La jouissance absolue existe donc sur terre? Oui, la voici sur l'écran. Rien que pour vous et moi. Catharsis concède Platon! Transfert tranche Freud! Renvoi d'image susurre Lacan! Petits bouts de bois dans les zoreilles et à la trappe les vieux barbons! Suivez moi....
Bien sur il y a un crime, une intrigue habilement corsetée, des indices troublants, des hypothèses fallacieuses, des invraisemblances, un suspense haletant, une fin surprenante et une morale ambiguë qui colle parfaitement à notre début de siècle.
Bien sur il y a une mise en scène généreuse, privilégiant les comédiens, des décors époustouflants d'acajou vernis et de dentelles mirobolantes, l'odeur des vieux cuirs, le parfum d'un déshabillé, les reflets sur un bouton de cuivre, les effets de lumières, la pénombre rembranesque, ....
Oui je sais tout cela, je le vois, je ladmets. Les techniciens auraient du être tous oscarisés pour le plaisir qu'ils nous donnent. Mais dans cet ensemble magnifique, place au grandiose:
Connaissez vous un film avec une distribution aussi flamboyante et nuancée?
Albert Finney (le Big Fish au dessous du volcan)
Martin Balsam (Le détective de Psychose et maître des 12 en colère)
Lauren Bacall (D'en avoir ou pas du grand sommeil)
Ingrid Bergman (Elle sonne le glas de Casablanca)
Wendy Hiller (Elle sait ou elle va avec Michael Powell)
Vanessa Redgrave (L'égérie de Blow up et de Paul Auster)
Jean pierre Cassel (Notre caporal épinglé)
Richard Widmark (Du pickpocket de Fuller au fort Alamo)
Sean Connery (Le 007 qui voulait être roi)
John Gielgud (La Providence d'elephant man)
Anthony Perkins (le Psychotique du procès)
Michael York (Le d'Artagnan de l'île du docteur Moreau)
Colin Blakely (le Watson anti-gay du Sherlock Holmes de Billy Wilder)
Ils sont tous au meilleur de leur forme. Citez moi un seul qui soit médiocre et que vos dents de devant tombent dans la poche de votre gilet du dimanche!
Regardez l'oeil d'Albert Finney s'allumer quand il saisit de quoi il retourne, les bégaiements de Bergman et ses regards en dessous, le sourire malicieux de Bacall citant ses vieux maris, les dandinements de Perkins, la retenue de Cassel, les feintes colères de Connery, les tremblements de Hiller... Moi c'est pour ça que je vais au cinéma. Et c'est pour ça que j'y retourne....
J'ai jeté sans regrets ma collection des "cahiers", et mes livres sur le cinéma souvent bourrés d'erreurs sur les dates, les intentions d'auteurs, et la technique. Je ne garde plus que les films que j'aime. On peut aimer tranquillement Lumet et Tarentino. Les roses et les pivoines. Et manger un eskimo. La plus belle définition du cinéma je l'ai trouvé chez Sarte dans "les mots": le cinéma c'est un mur blanc. Je rajoute juste que c'est un mur blanc où l'on voit passer des anges....
N'oubliez pas que le ciné, c'est mieux à deux. Pour l'année qui vient, je vous souhaite à tous de trouver une épaule et regarder ainsi plus confortablement votre film préféré.
Bonne journée, bonne projection, et bonne fête....
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