abondance de mots II : le retour par Maroussia67

Les vitraux de l’habitacle, au rythme des vagues de houle, se couvrirent de fines particules blanchâtres aux dendrites cristallines. Le tourbillon de pétales blanches hivernales forgeait une contrée immaculée, baignée de féérie nocturne où les dentelles de nacre (valsant au gré du vent) aggripaient une à une leur floconneuse luminescence au sol enrubané, irradié par le glacis de meringues catadioptres. Une éclipse de lune en formation cherchait en vain à percer les cumulus d’un rais de lumière pour imprégner la chevelure de bédouin de Roger Bontemps et sa frimousse d’arlequin. Le vert-galant aux mains d’argent rayonnait de part lui-même et déployait par une opiniâtre abondance en redondance de mots le remède chasse-spleen et anti-camisole du siècle ( tels des ricochets de galets sur les lentilles d’eau). «Faire la frigousse» semblait dès lors devenir pour elle un véritable jeu d’enfant. La fondue de Berthoud déversait ses arômes de vigne dans sa gorge, convergent réceptacle extasique. Grollucher sans lâcher prise devint alors une évidence impérieuse tant le nectar au goût d’herbes, d’airelles et d’eau-de-vie insufflait son joug magnétique à son palais enflammé ( distillant aux sens de suaves ressacs au parfum paradisiaque). Les effets hallucinogènes de la liquoreuse substance se décuplèrent au fil des heures : deux poignes fermes (telle une grelinette malaxant les grains de terre tassés ) semblèrent happer l’étoffe vaporeuse qui la drapait pour la border et la rouler en silhouette modelée. Frappée de stupeur foudroyante , elle ne put devant ce cortège de fortes secousses telluriques que rester béate. Reprenant ses esprits, en tisserande de mots elle pianota quelques syllabes sur un écran tactile ( pour immortaliser cette symbiose inhabituelle dans un précieux écrin de verre ) avant de refermer les canaux lacrymoniaux pour s’abandonner à la sagesse pléthorique des songes. Le laps d’un court instant un nouveau faisceau lumineux sembla ceindre l’espace. Recroquevillée en chenille, elle esquissa alors un large sourire par delà ses paupières closes serties de constellations. Au matin, les rayons du soleil dardèrent les murs pastels et pans de rideaux de sa chambre. Elle sut alors que sa fantasmagorie touchait provisoirement à sa fin. Mais d’une manière ou d’une autre, elle refranchirait un jour le long tunnel pour réenjamber le pays des blanches merveilles et pour briser sa chrysalide au contact de l’éterlou des neiges.