Dans les zactualités de la fin de la semaine, la deuxième de lannée 2011, il y a de quoi faire pour les journalistes.
En ce moment, par exemple, il y a un événement politique de grande envergure en Afrique : un référendum est en train de casser pour la première fois les frontières issues de la colonisation. Le sud du Soudan va devenir un État autonome, plus riche et prospère que le nord, démantelant ainsi lÉtat le plus vaste de lAfrique (devant le Congo et lAlgérie).
Toujours en Afrique, on parle des proches des deux jeunes otages de Niamey qui réclament maintenant la démission dAlain Juppé. Ce qui na pas beaucoup de sens puisque cest Nicolas Sarkozy qui a décidé de leur dramatique fin. Dans tous les cas, deux jeunes existences fauchées sur lautel de la fermeté dÉtat. Des vies peuvent-elles donc avec un sens si fluctuant quun État puisse se permettre den imposer son odieuse version ?
De lautre côté du Sahel, le Maghreb. La troisième allocution télévisée de Ben Ali qui annonce quil va faire enfin la démocratie en Tunisie, après vingt-trois ans de régime autoritaire, et qui vient le lendemain de renvoyer le gouvernement et les députés, pour proposer de vraies élections, législatives dans quelques semaines et présidentielle en
2014, paraît surréaliste. Vaut mieux tard que jamais ? Cest sans doute la nouvelle la plus historique
Historique, on le dit aussi des déficits publics en France pour lannée 2011 dont le montant exact vient dêtre rendu public (tenez-vous bien !) : centre quarante-huit milliards huit cent millions deuros. En gros, mille milliards de francs ! Il paraît quil est moins pire que prévu, ouf ! on respire. Jimagine mon banquier à qui je présenterais un découvert dune telle ampleur. Non, pas en absolu, en relatif : deux mille cinq cents euros pour lannée. Avec vingt-six mille euros dendettement. Cest léquivalent par habitant, tout simplement. Heureusement que "là-haut", ils négocient bien les taux dintérêt
Là-haut. Justement. Depuis le 2 avril 2005, Jean-Paul II est désormais soulagé de sa longue et pénible maladie. Étrange destinée pour un pape qui fut élu jeune, à cinquante-huit ans et qui avait donné un sens très médiatique à son pontificat, nhésitant pas à se montrer sportif, faisant du ski ou du vélo, notamment. Il était devenu le pape croulant, sénile, vieillissant
enfin, uniquement physiquement, car le mental ne lui a jamais fait défaut, même à la dernière minute quand il a demandé de ne plus trop insister.
Ce pape qui est numéro trois dans le record de longévité pontificale, vingt-sept ans, a été incontestablement lun des grands hommes du XXe siècle. Certains disent même que cest grâce à lui que le monde soviétique sest effondré. Peut-être. Si cest le cas, cest sans doute le véritable miracle dont il serait à lorigine.
Car un miracle, il faut en faire si on veut devenir bienheureux puis saint. On a finalement conclu quil en avait fait un. En fait, je men moque un peu. Miracle ? Pour qui ? pour quoi ? Une guérison inexpliquée ? Et dont serait à lorigine Jean-Paul II ? Pourquoi pas ? Bref, une fois le miracle admis, zouh ! en avant pour la béatification.
Du coup, le 1er mai 2011 sera une journée exceptionnelle pour son successeur, Benoît XVI. Joseph Ratsinger aura quatre-vingt-quatre ans à cette cérémonie quil présidera. Il avait été élu pape parce quil avait été le seul cardinal encore en vie nommé avant Jean-Paul II. Un pape de transition, en principe. Qui a déjà duré plus longtemps que Jean XXIII. Quatre-vingt-quatre ans, cétait lâge de Jean-Paul II à sa mort, étrangement.
Six ans pour devenir un bienheureux. Cest un record quand on sait que Jeanne dArc a mis quatre cent soixante-dix-huit ans pour le même processus
et onze de plus pour être canonisée.
Record de rapidité, oui, mais à quinze jours près, car Mère Teresa, qui sest éteinte le 5 septembre 1997, avait été, elle-même, béatifiée par Jean-Paul II le 19 octobre 2003.
La route de la canonisation lui est maintenant ouverte. Il lui faudra avoir démontré quil ait commis un second miracle. Pour moi, le 25 décembre 1991 me paraît être la date à retenir dans linstruction du dossier. À moins quon ne prenne le 9 novembre 1989 ?
Pendant ce temps, Jean-Paul II sen moque un peu. Il se repose tranquillement en train de siroter un jus dananas avec sa collègue du même bahut, Mama Teresa.
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