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Un Martini Blanc Sans Poissons Rouges SVP... par Christensem

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«Olivier Club... Olivier Club!» le nom de la boite résonne encore dans mes oreilles lorsque je me décide enfin à raccrocher... Délicatement… Deux malheureux bouts de sparadrap maintiennent miraculeusement l'écouteur au bout du combiné. Faudra bien qu'un jour j'investisse dans autre chose que du Bourbon... Non sans avoir arraché la préface pour y gribouiller l'adresse en question je referme le San Antonio sur lequel je m'étais assoupi ; «Olivier Club - 54 rue des Acacias»... une boite à PD... ça ne fait pas l'ombre d'un pli... et c'est encore sur ma pomme que ce genre d'enquête atterrit. Mais j'ai pas vraiment le choix. Trois jours que le chat tourne autour de sa gamelle vide en me mitraillant des moustaches... Trois jours que mon poisson rouge suce son scaphandrier par tous les bouts. Je balance mon polard au matou... Histoire de le distraire pendant que j'arrache mon bénard de dessous ses rayures... Ici lorsque les temps sont durs on partage tout! Et puis c'est sacrement pratique de bouquiner en caleçon. Surtout pour se gratter les couilles lors des passages où Berrurier , philosophe sur les choses de la vie. Un coup de peigne pour redonner de l'espoir à cette mèche cafardeuse qui m'agrippe le front. Le reste n'en vaut plus la peine... j'y visse un vieux Borsalino water-proof pour faire illusion. Et me voilà dans les escaliers entrain de me demander ce que pouvait bien foutre ce couple d'ado dans une cambuse à phoques. Trois jours qu'ils ont disparu. Avant leur silence radio, les derniers à les avoir vu étaient tous clients de cette tarlouze d'Olivier. Une créature à rencontrer de toute urgence ce monsieur Olivier. D'autant plus que les familles allongent ce qu'il faut pour qu'un détective de ma trempe puisse boire, fumer et baiser correctement pendant au moins... trois bonnes semaines. Mois d'Août complétement pourri. L'essuie-glace de ma Panda broute les premières feuilles mortes de l'automne. Au grand désespoir de ma libido, la fraicheur de l'air escamote les cuisses des filles derrière des impers. Pour me consoler je prend par le Parc où pataugent quelques travelos court-vêtus; Je médite sur les cours de la bourse à Sao Paulo pendant que le type de la radio nous annonce «Madame je rêve» Depuis qu'il s'est barré sans prévenir Bashung me fait moins bander. Lui et ses potes commencent a être un peu trop nombreux de l'autre coté du tunnel. Je crache ma fumée dans le rétro histoire de faire disparaître ma tronche de vieux baroudeur... Quand même pas trop pressé de les rejoindre. Le quartier à l'air moins «crade» que prévu. Il y a des gosses partout sur les trottoirs. Ça sent la famille en or et la France des braves. En fait je me suis gravement planté. Sur le parking de la boite, au milieu des flaques irisées trône un arbre monumental. Monstrueux. Tentaculaire. Un olivier. Les dinosaures lui ont certainement pissé dessus lorsqu'il était petit. «Olivier Club»... Je vois le mâle partout moi... Il n'y a pas plus de tarlouzes dans le coin que de menthe à l'eau dans ma bouteille de chevet... Le bar de la boite est déjà ouvert. Je glisse ma Panda sous le géant vert et commence à tirer des bordées entre les flaques lorsque dans mon dos l'arbre se met à ronfler... Je sers les poings. Voilà que mes délires débarquent avant la fin de la journée maintenant. Je m'étais pourtant promis de mettre un peu plus de glaçons dans mon whisky ! Dans la turne c'est ambiance Tokio Hotel. Ça va de la musique qui dégouline en nappes sirupeuses sur le zinc de plexi rouge jusqu'au look de la smala qui se vautre sur les banquettes de cuir noir. Une douzaine de poupons tourne le visage vers ma pomme. Douze borgnes. Ils ont tous une espèce de frange hargneuse qui leur bouffe la moitié de la face. Un vieux qui se pointe au milieu de cette garderie de cyclopes boutonneux... Ça sent l'inceste à plein nez. Je m'accoude au comptoir en leur tournant le dos... le temps qu'ils digèrent mon agression. Derrière moi ça murmure, ça chuchote avec des intonations qui puent la conspiration. Heureusement devant moi le miroir vend la mèche. J'ai pu repérer les «Caïds» de la bande. Ils sont deux. Ils ne casseraient pas deux pattes à une mouche et si je les presse un peu je dois pouvoir en tirer autre chose que de la morve. Mon double scotch sifflé d'une traite (Pour les épater) je me retourne en embarquant la bouteille avec moi et m'installe à leur table. Au culot je rempli les verres vides. J'espère que les trois pisseuses qui se trémoussent sur la banquette mouillent pour les cheveux gris, genre Léonard Cohen. Ça peut m'aider à placer mon baratin... Ce soir j'ai du bol, je suis tombé sur des malins. Malgré la sueur et l'alcool qui leur plaquent la frange sur le visage ils ont gardé la lucidité des poulets de Brest; Ils avaient reniflé l'odeur du barbouze... et deviné que j'étais là pour l'enquête. Ils connaissent bien les disparus, Julie et Malkom. Ce soir là ils se sont croisés. Pendant qu'ils parlent, je ne peux m'empêcher de les observer. Discrètement. Cette manie de s'envoyer les cheveux dans la tronche... à croire qu'ils sont tous arrivé ici en marche arrière. En tous cas c'est fichtrement pratique pour planquer son acné. Ah putain ! Si j'avais pu lancer cette mode à l'époque du lycée j'aurais peut être fini pas me taper autre chose que les boudins du dernier rang... ! Alors que je fais suivre la bouteille de Scotch d'une autre de Vodka ils me trainent au fond du parking avant que la nuit ne tombe. La bagnole de Malkolm s'y trouve encore. Un pick-up. Les flics l'ont fouillé sans rien trouver d'intéressant. Il y avait les empreintes de toute la ville sur sa caisse. Pendant que je fouine, on m'affranchit que Malkolm prêtait sa tire très facilement. L'un des garçons, un rouquin hérissé comme un soleil m'avoue même en avoir profité ce soir là. «Les clefs étaient sur le contact, avec ma copine on est allé se faire du bien dans une impasse voisine» «Elle est plutôt pratique!» Ajoute la plus délurée du clan en faisant chavirer son exubérante poitrine par dessus la ridelle. Je comprend mieux. Un matelas garni la benne. Des auréoles dans tout les coins. Faut pas être un cerveau pour comprendre que l'eau du ciel n'y est pas pour grand chose. Ou alors les anges se masturbent les jours de pluie! A part ça rien de bien palpitant pour mon enquête. Avec une tripotée de mégots, deux Marlboro vide et des emballages de capotes je ne vais pas aller très loin. Ah oui ! j'allais oublier j'ai aussi un tampon, une pleine paluche d'olives et un string... Je cherche encore le point commun. Pour m'aider à me concentrer la petite vicelarde de tout à l'heure s'est mise à branler l'antenne radio... Quelques capotes y sont nouées comme des étendards... - «Y'en manque une pour faire la demie-douzaine!» me fait-elle en mordillant la dernière (J'ose penser qu'elles n'ont pas servi !) Du coup une étrange musique céleste se met à bourdonner sous mon crane... Lady Marmelade... ça me dégouline de partout. J'ai très chaud. Puis c'est au tour des trompettes de Jéricho de gronder entre mes cuisses. Je serre les dents pour que la montagne de scrupules qui me bouche la vue ne se ratatine pas à mes pieds. Lorsque Gainsbard martèle son «Sex and Sun» je ressuscite! 17 ans la limite. Pour me purger la conscience je pense alors aux varices de ma concierge et machinalement je mâche quelques olives... que je recrache immédiatement. Dieu seul sait à quoi elles ont pu servir ! C'est le rouquin qui me sort du pétrin. Il se souvient que les disparus avaient le coït délirant. Ils raffolaient des situations extravagantes. « La semaine dernière ils ont baisés dans la chapelle du cimetière voisin » Me confit-il. Je prend congé de cette tribu d'obsédés après avoir vidé quelques derniers verres et retourne sous l'olivier récupérer ma Panda... Sur mon chemin deux ou trois flaques d'eau évitent ma trajectoire incertaine, les suivantes très contrariées par mon indifférence arrogante viennent carrément se baigner dans mes souliers... Le mélange de Ballantine's et d'Absolut ne me réussit vraiment pas... Les grincements de la portière ont réveillé l'arbre... et dès que je met le contact il se met à hurler, à me supplier de ne pas partir ! Je suis presque tenté de lui expliquer que tout va bien... que j'ai connu des muflées plus gratinées... mais je me ravise. Après tout ce n'est qu'un arbre. Manquerait plus qu'il me fasse souffler dans le ballon celui là. Je refais surfaçe quatre heures plus tard, hébété, écartelé comme une araignée d'eau sur mon pieux. Même si elle fume plus qu'elle n'avance je ne fourguerais pour rien au monde cette bagnole qui me borde dans mon lit les soirs de grande fatigue. Il est cinq heure du mat'. Ma Chère Panda a étalé sur la table le contenu de mes poches. Du fourbis récupéré dans le pick-up ce sont d'abord les olives qui retiennent mon attention. James bond en balance toujours une dans son verre de Martini blanc. J'en abandonne quelques unes au matou et décide de me préparer le petit remontant des services secrets britanniques. Plus de verre propre. Qu'à cela ne tienne je glisse deux olives directement dans la bouteille de Scotch. Narquois, le chat me regarde faire en croquant les siennes. Je n'aime vraiment pas le sourire qui se profile dans ses moustaches. Lorsqu'il se la joue comme ça je sais qu'une calamité va encore me tomber dessus. Je lui tourne le dos pour conjurer la poisse. Effectivement les maudites olives sont restées coincée dans le goulot. Derrière moi j'imagine l'autre en train de se tenir les cotes. Lorsque je reviens de la salle de bain avec ma brosse à dent pour déloger les intruses, une divine bouffée de lumière vient crever la surface de mon cerveau. Je me laisse tomber sur le canapé les yeux rivés sur la bouteille. Et les deux olives coincées dans le goulot. Par habitude je sais que c'est l'instant béni où le puzzle va s'assembler devant mes yeux pour me donner la solution. Je dois rester concentré. Ne pas bouger d'une oreille sous peine de voir la magie se carapater avec la clef du mystère. A mes cotés le chat fait du trampoline dans un fauteuil au milieu de ses noyaux. Juste pour me faire perdre la piste. Mauvais joueur le bestiau. Les olives dans la bouteille... les olives dans le pick-up... les olives de l'olivier... je progresse... mais j'ai besoin d'une précision... Sans lâcher des yeux la bouteille, j'agrippe le téléphone... le numéro du rouquin. Une voix déchirée par la fumette expire entre mes bout de sparadrap. «Mouai... c'est quoi c'délire de m'réveiller en pleine nuit?» Il a eu du mal à décoder ma question mais je fini par obtenir ma réponse. Sous l'œil des clodos insomniaques la Panda bondit de carrefour en carrefour... Le rouquin m'a confirmé ; le pick-up était bien garé sous l'olivier lorsqu'il l'a emprunté... Le parking est dans l'obscurité. Le nigth-club est bouclé depuis des heures. Je me gare pleins phares près de la tire de Malkolm. Des traces de boue sur le toit de la cabine... On a piétiné et marché sur ce toit... Des empreintes partout. Trente seconde plus tard je suis sous l'arbre monumental. Le monstre séculaire. La cathédrale des olives. Le pavillon de la Fiat cloque sous mon poids. Je patauge dans le feuillage et je béni le ciel d'avoir laissé le chat à la maison... S'il me voyait accroché aux branches comme un vulgaire macaque... Le tronc est bien creux. Je me penche au dessus de la cavité. A la lueur de mon briquet, coincés entre les écorces j'aperçois deux visages qui me contemplent. Incrédules...

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