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Les barbares par Lilith68

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L’air exhalait le souffle léger de l’aube, musique aigrelette qui s’élevait vers des cieux encore engourdis. Doucement, sur le tempo bourdonnant des premières butineuses qui s’affairaient au cœur des fleurs à peine éclose, La nuit avait abandonné au soleil quelques écharpes de brume qui s’étiraient dans la langueur de l’heure. Dans ce parc encore clos, les oiseaux lançaient leurs trilles tandis que les premiers rayons de soleil auréolaient de lumière les branches des arbres verdies par l’été. Au centre du plus grand parterre, couchée sur des roses grenats, une forme geignait, tache blanche repliée sur elle, cri d’horreur silencieux. Les ténèbres l’avaient abandonnée là, écume rougie d’une nuit de tempête humaine. Bouillie de chair tuméfiée et s’il l’avait pu encore, il aurait maudit les dieux, le diable, les hommes d’avoir au carrefour d’une nuit croisé ce destin de douleurs. L’abjection a parfois un visage et celui de ses bourreaux jaillissait encore de sa mémoire en lambeaux. Par flashs, il ressentait encore la fulgurance des chairs déchirées, frappées, martyrisées, et sa tête qui explosait et bringuebalait au rythme hurlé de leurs pieds et ce voile rouge sur ses yeux, ce voile avant le néant, hymen de douleur déchiré de barbarie par ce bâton d’infamie retrouvé à côté de lui, encore mouillé de son sang. Ce bâton qui l’avait violé jusqu’au plus intime de lui. Oh oui, il voudrait partir, maintenant, devenir léger pour ne plus souffrir mais la Parque a retenu son geste et il doit vivre. Condamné par deux fois, lui qui ne voulait que rire et aimer, ange humilié, il avait du une première fois subir la sentence des barbares qui ne savent pas que l’amour ne choisit pas le sexe de l’être aimé et il doit, une seconde fois, subir cette existence humiliée. Il doit se relever et tout réapprendre sachant qu’à jamais il demeurera handicapé et son cerveau mutilé. Des barbares sont passés comme des djinns d’orages et la prison des hommes ne pourra lui rendre ce qui lui a été volé au nom de son homosexualité. Bruisse le petit monde du parc si joli, il n’y reviendra jamais. -Pour toi Bruno, mille pardons des humains

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