Harragas désigne les " brûleurs " de papiers d'identité qui, après un voyage où ils risquent leur vie, parviennent à rejoindre un pays d'accueil et brûlent leurs papiers d' origine pour qu'on ne puisse plus les renvoyer dans le pays qu'ils ont voulu à tout prix quitter.
Par extension, on désigne maintenant par harragas, ceux qui prennent ces embarcations de fortune par désespoir: ils considèrent que le pire est arrivé, qu'ils n'ont plus rien à attendre de leur propre pays et seul l'espoir d'une vie meilleurs leur donne la force d'accomplir ce geste désespéré.
Certains, victimes de passeurs malhonnêtes, ne redonnent jamais signe de vie.
D'autres, plus chanceux , parviennent à survivre. Certains sont refoulés immédiatement aux frontières mais d'autres parviennent à passer et commencent alors une vie dans la clandestinité jusqu'à ce que - très peu y parviennet- ils puissent obtenir la régularisation de leurs papiers.
Ils sont la masse de travailleurs exploitables et corvéables à merci: les employeurs savent qu'ils ne pourront jamais se plaindre en cas de fraudes du droit du travail.
Ils acceptent de " casser les prix " et se rendent chaque matin dans des zones réputées pour être les terrains de chasse privilégiés d'employeurs peu scrupuleux.
Qu'ils leur arrivent leur moindre incident et ils échappent à la protection sociale, croupissant dans une cave avec leurs jambes cassées sans que leurs employeurs soient le moins du monde inquiétés: à la moindre manifestation intempestive, ils seront renvoyés par avion sans pitié.
Le mérite de Merza Allouache est d'avoir abordé ce thème, peu exploité au cinéma.
Je ne reprendrai pas ici la critique de ce film, déjà présentée dans un autre commentaire.
Je voulais simplement évoquer une tragique actualité.
Alors que l'Algérie est en proie à de nombreuses manifestations, le problème des harragas s'est encore considérablement développé au point que les mères, désespérées de voir leurs enfants sans avenir dans leur pays, préfèrent encore les confier aux flots incertains de la Méditerrannée.
Quel dose de désespoir faut il pour qu'une mère prenne le risque de perdre son enfant en l'envoyant sur un bateau ?
Les mères algériennes sont cependant de plus en plus nombreuses à confier leur progéniture aux bateaux.
Ces enfants n'ont rien demandé. Rien choisi.
Pourtant, seuls les caprices de la mer ( e) feront qu'ils vivront ou pas.
S'ils s'en sortent, les mères se diront qu'elles ont bien fait de faire ce sacrifice.
S'ils périssent, elles porteront éternellement le deuil de leur enfant.
On ose espérer que l'Algérie, pays riche grâce aux hydrocarbures, ne laisse pas sa jeunesse s'échouer le long des côtes étrangères.
Ce pays est grand et tout est à construire.
Souhaitons qu'elle prenne des dispositions pour assurerà ses enfants un avenir décent.
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