Suite au commentaire " Le cadeau de la vie " de The dreamer, je vous propose de lire la position des trois principales religions présentes en France .
Je mettrai le lien sous son commentaire .
Au cours des sensibilisations sur la greffe d'organes, il y a parfois des personnes qui invoquent les convictions religieuses pour expliquer le refus des greffes. Chacun a ses propres convictions personnelles. Mais justement, que disent les principales religions présentent en France sur la question ?
Voici quelques documents pour mieux comprendre ces positions.
LA RELIGION CATHOLIQUE
Dès 1956, le Pape Pie XII approuvait le prélèvement et la greffe de cornées au bénéfice d'aveugles ou de personnes menacées de cécité (cf. Documentation Catholique 1956, n°1228).
Le pape Pape Jean-Paul II écrivait en 1991 "je me réjouis de ce que la médecine, dans le service qu'elle rend à la vie, ait trouvé dans les transplantations d'organes une nouvelle manière de servir la famille humaine" (Documentation Catholique 1992, n° 2051).
Je vous propose trois documents officiels concernant la question du don d'organe.
Citation:
Le don d'organes : une forme éloquente de fraternité
Appel de la Commission Sociale de l'Eglise de France (1996)
Les greffes de tissus et d'organes permettent désormais de sauvegarder la vie ou d'améliorer considérablement l'existence de nombreux malades. Mais ne peuvent être greffés que les tissus et les organes prélevés sur les personnes décédés (dans certains cas sur des personnes vivantes). Ces prélèvement sont aujourd'hui trop peu nombreux. Bien des malades attendent très longtemps la greffe dont ils ont besoin. Du fait de cette attente, leur état peut s'aggraver au point de conduite à la mort, une mort qui aurait parfois pu être évitée.
L'Eglise catholique comprend qu'on puisse hésiter à consentir à des prélèvements après la mort sur son propre corps, et plus encore sur celui d'un proche parent. Mais elle voit dans le don de tissus ou d'organes, dans la mesure où il est décidé librement en esprit de solidarité avec ceux qui souffrent, une des formes les plus éloquentes de la fraternité humaine.
Les organes vitaux ne peuvent être prélevés que sur des personnes décédées en état de mort cérébrale, à la suite d'un grave accident de santé. Ce sont le plus souvent des personnes jeunes encore, qui pour la plupart n'ont pas pensé à l'éventualité d'un tel accident ni fait connaître leur acceptation ou leur refus de prélèvements. Les médecins s'adressent alors aux proches parents. Ceux-ci sont déjà très éprouvés par la brutalité de l'accident et par cette mort à laquelle ils n'ont pas eu le temps de se préparer. Grande est leur souffrance devant la perspective de prélèvements, d'autant plus que l'état de mort cérébrale laisse subsister des apparences de vie. Un tel désarroi, et peut être aussi une baisse de la confiance accordée au corps médical, conduisent aujourd'hui plus qu'un quart des familles à s'opposer à tout prélèvement.
Nous comprenons cette souffrance. Nous pensons aussi qu'elle pourrait être moindre si l'éventualité de prélèvements avait fait auparavant l'objet d'une réflexion personnelle et d'échanges en divers lieux, et d'abord au sein de la famille. Pèserait moins lourd sur les proches parents le sentiments de leur propre responsabilité à l'égard des prélèvements si le défunt avait fait connaître à l'avance sa volonté de faire son après sa mort de ses organes (ou de certains d'entre eux).
Nous vous invitons instamment à cette réflexion personnelle et à ces échanges en famille et à l'intérieur des communautés, paroissiales et autres. En lançant cet appel, nous ne cherchons pas à faire pression sur les consciences. Nous vous invitons surtout à prendre conscience que la mort peut frapper chacun d'entre nous et de nos proches de manière inopinée, bien avant une vieillesse avancée, et que si douloureuse qu'elle soit pour ceux qui nous aiment et que nous aimons, cette mort peut aussi devenir l'occasion d'un acte de solidarité de très grande valeur.
De tels échanges requièrent une information sur la réalité actuelle des prélèvements et des greffes. Elle peut être obtenue de différentes sources. Nous mettons à la disposition de chaque diocèse une note d'information portant sur les points que nous jugeons essentiels. Puisse-t-elle aider chacun à s'engager dans une démarche de vérité, faisant place à la perspective de sa propre mort et à la souffrance de ceux qui ne peuvent survivre que grâce à la solidarité témoignée par autrui.
Bienveillance de Dieu pour les hommes.
Mgr Albert ROUET, président
Mgr Gérard DEFOIS
Mgr Louis DUFAUX
Mgr Bellino GHIRARD
Mgr André LACRAMPE
Mgr Jacques NOYER
Source site de la conférence des évêques de France
Citation:
Jean-Paul II : « Je suis certain que les responsables sociaux, politiques et éducatifs renouvelleront leur engagement à promouvoir une véritable culture du don et de la solidarité. Il faut insuffler dans le cur des personnes, et en particulier dans le cur des jeunes, une reconnaissance authentique et profonde du besoin d'amour fraternel, un amour qui puisse trouver une expression dans la décision de devenir un donneur d'organes. »
(Discours au 18° Congrès international de transplantation d'organes - 29 août 2000)
Citation:
Don d'organes, don de vie
A l'occasion de la Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe, le 22 juin 2004, Mgr Jean-Pierre Ricard a publié un Editorial dans l'Aquitaine du 18 juin 2004 sur l'importance de ce geste généreux.
Le 22 juin prochain aura lieu la 4ème Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe. Parmi toutes les journées à thème, il serait dommage que celle-ci passe inaperçue.
Les greffes d'organe sont le seul moyen actuellement envisageable pour sauver la vie de certains malades ou remédier à des astreintes très éprouvantes, comme les séances répétées de dialyse. Beaucoup espèrent cette greffe, l'attendent longtemps. Du fait de cette attente, leur état peut s'aggraver au point de conduire à la mort, une mort qui aurait parfois pu être évitée. Malheureusement, les dons d'organes sont loin de répondre aux besoins exprimés.
Les organes vitaux ne peuvent être prélevés (à part le don d'un rein dans certaines circonstances) que sur des personnes décédées en état de mort cérébrale, souvent après un accident. Les médecins s'adressent alors aux proches parents. Ceux-ci, déjà bouleversés par la soudaineté de la mort, voient leur souffrance ravivée par la demande de prélèvement d'organes sur un être cher. Un tel désarroi amène plus d'une famille à refuser un tel prélèvement.
On peut comprendre une telle souffrance. Celle-ci pourrait être moindre si l'éventualité de prélèvement avait fait l'objet d'une réflexion personnelle et d'échanges en divers lieux, et d'abord au sein de la famille.
En 1996, la Commission sociale de l'Episcopat lançait cet appel : "Nous vous invitons instamment à une réflexion personnelle et à ces échanges en famille et à l'intérieur des communautés, paroissiales et autres. En lançant cet appel, nous ne cherchons pas à faire pression sur les consciences. Nous vous invitons surtout à prendre conscience que la mort peut frapper chacun d'entre nous et de nos proches de manière inopinée, bien avant une vieillesse avancée, et que si douloureuse qu'elle soit pour ceux qui nous aiment et que nous aimons, cette mort peut aussi devenir l'occasion d'un acte de solidarité de très grande valeur."
Oui, l'acceptation de la possibilité d'un don volontaire d'organes est une forme d'un véritable don de soi pour l'autre, un authentique acte d'amour. C'est une des applications inattendues de la parole du Christ : "Nul n'a d'amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ceux qu'il aime." (Jn 15, 13) Plusieurs fois, le pape Jean Paul II est intervenu pour appeler à ce don, en rappelant d'ailleurs les conditions dans lesquelles le prélèvement devait être réalisé. Son appel est clair : "Je suis certain que les responsables sociaux, politiques et éducatifs renouvelleront leur engagement à promouvoir une véritable culture du don et de la solidarité. Il faut insuffler dans le cur des personnes, et en particulier dans le cur des jeunes, une reconnaissance authentique et profonde du besoin d'amour fraternel, un amour qui puisse trouver une expression dans la décision de devenir un donneur d'organes". (Discours au 18° Congrès international de transplantation d'organes - 29 août 2000)
Cet appel mérite d'être entendu !
Mgr Jean-Pierre Ricard
LE JUDAISME
un article de Wikipédia sur la question
Citation:
Judaïsme
Pour le judaïsme, les prélèvements et la transplantation peuvent êtres effectués à condition de respecter des conditions strictes comme la valeur sacrée de la vie. Devant garder espoir et foi envers le Créateur jusqu'au bout, il ne saurait être question de provoquer la mort, qu'il s'agisse d'abréger des souffrances ou de vouloir prélever un organe pour sauver un autre être humain. On ne peut dégrader le corps qui conserve après la mort son caractère sacré. Il faudra donc l'inhumer avec respect ce qui impose un comportement digne de la part des transplanteurs. Dans le même ordre d'idée, on ne peut en tirer profit.
Les penseurs concilient ainsi les règles religieuses avec le devoir supérieur de sauver toute personne en danger de mort (Pikouah Nefesh) : « la considération majeure du sauvetage de la vie supplante toutes les lois bibliques imposant linterdiction de la mutilation du mort, de lutilisation de lorganisme mort et du délai imparti pour enterrer le mort et lui rendre les honneurs dus. »
Lors dune audition parlementaire, le Grand rabbin de France indiquait ainsi : « La greffe se heurte à deux interdictions de la religion juive : ne pas porter atteinte au cadavre et ne pas tirer profit du cadavre. Mais il a été admis que lon pourra enfreindre ces deux interdictions quand il sagira de sauver une vie humaine. ». Ce devoir religieux dagir pour « sauvegarder une personne » simpose au nom de la valeur suprême de la vie, finalité de tous les commandements.
L'ISLAM
Là encore, un article de Wikipédia
Citation:
Islam
Les décisions de lAcadémie du droit musulman (al-Majma al-fiqhî al-islâmî) basée à la Mecque (et qui est affiliée à la Ligue islamique mondiale Râbita al-alam al-islâmî) et du Conseil international de jurisprudence basé à Jeddah en Arabie Saoudite (et affilié à lOrganisation de la conférence islamique OCI) sur la transplantation dorganes précisent qu'il est permis de prélever un organe dun mort pour le greffer dans le corps dune personne vivante si sa survie dépend de cette opération, ou quand celle-ci est nécessaire pour assurer une fonction essentielle de son organisme. Pour cette opération, il faut avoir le consentement du défunt, de ses héritiers légitimes après sa mort ou laccord de lautorité musulmane, si le défunt est un inconnu et (ou) sans héritiers.
Cette permission est valable dans le seul cas où les greffes sont pratiquées sans but commercial et lucratif. Les organes doivent être mis gratuitement à la disposition des établissements médicaux car il est strictement interdit de faire le commerce dorganes dorigine humaine. En accord avec les données actuelles de la science, le concept de mort encéphalique est reconnu, une personne étant "légalement décédée quand il y a arrêt total, et jugé irréversible par les médecins, soit des contractions cardiaques et des mouvements respiratoires, soit des fonctions vitales cérébrales avec début de destruction du cerveau.
Ces décisions reposent sur l'analyse suivante : En Islam, seul Dieu donne et reprend la vie, nous ne sommes que les usufruitiers de la vie lors de notre passage sur Terre. Cependant, la maladie n'est pas une fatalité et il faut choisir le moindre dentre deux maux. L'intérêt du vivant a donc priorité sur le respect dû au cadavre. Afin de garantir la prééminence et le caractère sacré de la vie, le don d'organe est en conséquence reconnu et valorisé comme une bonne action, à condition d'un consentement, du respect de la personne et d'une non-commercialisation. « Quiconque sauve la vie dun seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de lhumanité tout entière ! » (Coran 5/32)
Le Conseil européen de la fatwa (siège social à Dublin, Irlande) a complété les résolutions sur les dons dorganes par les recommandations suivantes relatives au consentement et à la volonté du défunt : Si, de son vivant, une personne a exprimé par écrit sa volonté de faire don de ses organes après sa mort, ce testament est souverain et doit être exécuté. Les héritiers du défunt nont pas le droit dapporter des modifications à ce testament car la volonté de la personne décédée prime sur celle des proches. Si la loi du pays stipule que labsence dinscription constitue une présomption daccord à un prélèvement dorganes, alors, de son vivant, le musulman doit faire inscrire, dans un registre son opposition à un prélèvement dorganes sur son corps après décès, sinon il donne son accord implicite
Ces quelques éléments ne sont pas destinés à ouvrir un débat ou à faire pression sur les consciences, mais simplement à informer sur les positions des responsables religieux sur cette question des dons d'organes.
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