Mignonne allons voir si la rose
Lhistoire débuta par un petit mâtin mutin.
De belles donzelles devisaient sous leurs ombrelles en dentelle.
Poudrées de pollen de la tête au pied, leurs fraîches corolles emperlées de rosée,
ces mignonnes rosissaient denvie dêtre butinées.
Tout près de là
Un frivole frelon folâtrait fredonnant : « Froufrou, froufrou, sous son jupon la femme
»
Damour fol, il avait fugué du nid, délaissant une femelle flapie pour saller encanailler au cur dun pistil doré.
Il se faufilait tout frétillant auprès d une étamine : « Belle Mimine, votre beauté me mine,
tu me fais tourner la tête ! »
La bluette rougit de plaisir, se laissant offrir quelques mignardises de ce barbu barbon
au si bariolé baratin.
Non loin dici
Un bedonnant bourdon sen retournait de Notre Dame, les cloches fort sonnées
par sa bourgeoise bougonne.
Comme toute la sainte journée, il bambochait, Bobonne boudait sa bedaine boursoufflée.
Il sétait vite débiné, une fleur à la boutonnière, se mettant en quête dune belle en chair.
Il bruissait daise dans la brume parfumée : « Ô Catarineta bella, tchi tchi
»
(Au moment des Fêtes pascales, notre bourdon avait - osons le préciser- quitté sa Rome natale pour suivre sa dulcinée).
Lorsque soudain, il repéra une rose pulpeuse : « je vous offre un verre ? ».
A ce polisson plein de malice, aussitôt la dame offrit son calice.
Tout près dici
Une mâle guêpe rôdait en quête daventure. Pour loccasion, ce bellâtre matois sétait corseté de cuir noir et cravaté de soie jaune.
Célibataire au sang chaud, il sétait, un jour, épris dune fleur dartichaut et fort marri, sétait juré quon ne ly reprendrait plus.
Il sifflotait, reluquant au passage maints corsages pigeonnants et maintes croupes accueillantes
« Si belle à croquer, ma pomme, ma pomme
»
Il avisa soudain une belle en bouton et lui lança une illade coquine : « Tas de beaux goûts,
tu sais ! ».
Enchantée à lidée de se laisser lutiner, la petite se laissa ainsi conter fleurette par ce fieffé gourgandin.
Non loin de là
Un corbillard cafard traînait une misère noire sur les berges dune mare. La solitude et lennui lavaient littéralement, hors de chez lui, chassé.
Ce matin-là dans son miroir, il sétait vu tout blafard. Une mine de papier carbone, aussi pimpante quun faire-part de deuil.
Il Chopinait sa marche funèbre, raclant du pied et tirant sur sa clope.
Lorgnant dun il sec, les gambettes dune lorette : « Vous avez du feu ? » lui demanda-t-il.
Mais la belle en cuisse lui assura en sourdine quelle lui réservait quelques épines.
Tout près de là
Un diptère égaré zigzaguait sur la toile.
Par une araignée, notre insecte déluré sétait fait moucher. Une banale histoire de puceron : Il avait approché une joue satinée, histoire de bécoter un petit grain de beauté.
Davance, il se régalait de cette croquante friandise, mais hélas, un tisserand arachnide, le premier, était arrivé, lui sucrant ainsi le miellat tant convoité.
Las de se faire gourmander, notre mouche, prudente, jeta en séloignant: « Juste un petit bonjour en passant !»
Pour les roses de mon jardin et toutes les autres
.
↧