Arrivée du train de Normandie, gare Saint-Lazare (1877, Art Institute of Chicago).
La forge étourdissante autour de moi fumait.
Des machines dantesques ahanaient leur puissance
Entraînant sur les rails un fardeau de partance
Alors que sous la voute un sifflet résonnait.
Affolé par ce bruit qui lavait débusqué,
Réfugié dans les cintres un oiseau de prémices
Appelait de ses cris sans que je lentendisse
Et me disait de loin que jétais fou daimer.
Une opaque fureur emportait les passants
Dans une fuite aveugle à la mesure du temps
Que scandaient sans répit les aiguilles dargent
De lhorloge perchée dune gare dantan.
Tic Tac, Tic Tac, Tic Tac, inexorables anges
Qui menez les humains sur des voies bien étranges
Et les mains bouquetées je me tenais patient,
Vigilant sur le quai mon rendez-vous prochain
Qui devait ce jour là rejoindre mon destin
Puis de ma vie future embaumer les serments.
Je lavais vue si belle au détour de la plage !
Elégante et légère à la grâce subtile,
Une femme volait sur des jambes graciles
En une ville deau où elle me donna gage.
Dun coup de son ombrelle elle me signifia
Quétait venu le temps de partager nos joies
Du coup je me vis fier au bras de cette Irma
Qui me parla longtemps de rêves tanagra
Quil était beau le ciel au couchant de la mer
A Deauville les sables en ce jour doutremer !
Nous devions nous aimer sous le ciel de Paris.
Nous devions nous unir à lautel de Sulpice
Mais elle ne vint pas, la femme de ma vie,
Et sur le pavé git mon cur parmi les lys.
Femme à lombrelle tournée vers la gauche.
Claude Monet Musée dOrsay
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