Quantcast
Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

"Je ne sais rien de vous qu'un peu d'écume et d'ombre..." par Coucou c est ginou

$
0
0
Au réveil juste avant que le noir de la nuit se délite. Fenêtre ouverte sur le froid vif, café noir brûlant, ce qui t’importe c’est très peu, ça tiendrait dans ton bol, ça tient tout entier dans ce moment. « Je cherche autour de moi plus d’ombre et de douceur Qu’il n’en faut pour noyer un homme au fond d’un puits. Encore un peu de noir, d’étoiles, de fraîcheur, Versez, mains, et vous, cils, votre restant de nuit. » Ça tient dans le silence, dans l’obscurité partout trouée d’étoiles, dans la masse indistincte de la forêt — présence sans nom. Dans la conscience aiguë de l’éphémère. Au réveil ce moment précieux qui ne durera pas. Kaïros. Et tu sais qu’il ne tient qu’à toi. D’être là, neuve chaque fois, plonger dans le moment. Son intensité. Fugace. Et toujours renouvelé. Ce qui t’importe c’est l’ordinaire, le précieux de l’ordinaire, la saveur rigoureuse du café sans sucre, son arôme. Ce qui t’importe, qui revient toujours, chaque fois s’efface. Cette sorte d'amour. Sans engouement, sans phrases, sans édulcorant, obscur, silencieux, cette profonde respiration, le froid de l’air jusqu’au fond des poumons. Cette profonde respiration. « Il est place pour vous Dans ces rumeurs obscures Encerclant à la fois Le vivre et le mourir. Il est place pour vous, Approchez, tendre ami, aux lèvres étonnées, Gardiennes du plaisir Qui tourne loin de nous. » Après, il y aura le jour qui vient, les étoiles noyées si vite dans la pâleur de l’aube, le frémissement des oiseaux, l’envie de bouger, les projets, l’agir, l’agitation. Après. La tendresse qui s’éparpille en mouvements contraires. Tu t’y perds, tu jouis de t’y perdre. « Ces jours qui sont à nous, si nous les déplions Pour entendre leur chuchotante rêverie Ah c’est à peine si nous les reconnaissons Quelqu’un nous a changé toute la broderie. » Mais tu sais qu’il ne tient qu’à toi : de retrouver l’éveil, le moment qui ne dure pas. De t’y rassembler. Ce qui t’importe c’est ce moment où son regard renonce à quêter les images et plonge dans sa nuit, la masse sombre et rassurante. Le moment où sa voix est nue, dépouillée de tout bavardage, où sa voix monte de son ventre, déborde de silence. Ces quelques mots, amers peut-être, pourtant d’une infinie douceur. Où son geste lent embrasse la nuit, renonce à se précipiter vers la plénitude et l’action. Le moment où il touche sa nuit son froid sans crainte, et respire. « — Laissons cela, vous êtes si près de vous-même Que désormais rien ne pourrait vous arriver, Rassurez-vous, il fait un petit vent de songe Et l’étrange miroir luit presque familier. » Et toi tu ne voulais que ça, ce moment qui vous rassemble, qui ne dure pas.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Trending Articles