Abécédaire d’une cohabitation par Ptit Bal Perdu

" Pardon ? Combien de fois j’ai lu « L’ombre du Z » ? Je ne sais pas. " " « Combien de fois plus que les autres » ? Oh, c’est bon, ça va, laisse tomber !.. Et ne me dis pas que c‘est débilitant, je n’voudrais pas que t’arrives à la Fac blessée.. " Et en quoi ça la regarde, hein, que je passe mon temps le nez dans mes BD ? C’est pas parce qu’elle a désormais, pour un an au moins, investi les lieux Qu ‘elle doit s’imaginer qu’elle va régner sur cet appart’ comme si c’était son fief ! P…. de crise.. Ça commence par mon 3 pièces que j’ai d’autre choix que de partager Avec cette fille que j’ai du m’imposer. Avec qui j’ai du signer un bail commun, à l’arrache. C’est plus chez moi, mon chez moi. Mon espace n’est plus mien. Mon intimité a fui. Je me suis dit : « Faudrait vraiment qu’elle intègre ça vite, l’étudiante en sociologie » ; Que 100 % que divise 2, ça ne fait pas forcément 50 / 50, surtout dans le présent cas. Huit ans qu’il l’habite seul, cet appartement, le gars. Quinze jours seulement, pour elle. Qu ‘elle écoute NRJ, qu’elle lise Voici et Musso, après tout, si c’est-ce qu’elle aime.. Mais qu’elle agresse mon meilleur pote, Reck, et le traite de "phénomène".. Là, il y a "rire" et "rire" ! Et on ne traite pas, chez moi, mon meilleur poteau De "phénomène". Tout ça parce que Reck a oublié, avant de les engloutir, de découper Et d’ôter l’emballage des Knackis.. Affamé qu’il était, il fallait bien qu’il recharge ses accus ! Jamais je n’aurais imaginé que les marseillais étaient aussi voraces, « bonne Mère » ! En fait, si on est devenus potes, Reck et moi, c’est un peu la faute à Marseille et à sa bouillabaisse. Il y avait à Marseille un congrès des fans de Franquin. Inconditionnels de Zorglub, on était invités. Entre deux croûtons de rouille, nous nous sommes jurés que « L’ombre du Z » était l’album « absolu ». Si seulement elle pouvait, au moins, y être sensible, l’autre future psy dorée aux UV.. Reck rentre dans ma chambre. « Té, dis , « l’album absolu », tu l’aurais pas en double, vé ? » Il avait son drôle d’air. Je remarque tout de suite quand quelque chose intrigue Reck. « Eh collègue, ta coloc’, l’autre cagole, là, bé,.. elle est en train de lire « L’ombre du Z » !!! »