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BOTH SIDES (1993) par Unfinished End

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Sorti éreinté de ce qui fut probablement le pire premier rendez vous de l’histoire de PCC, je paluchai distraitement les rayons d’un soldeur culturel quand apparut la binette du stakhanoviste dégarni qui régnait jadis omniprésent dans le top 50 quand je n’ étais encore qu’un jeune diplodocus croquant ses premières fougères lors des derniers étés du jurassique supérieur. J’ avais lu quelque part sur la toile que ce « Both Sides » scandaleusement mésestimé à sa sortie tenait particulièrement à cœur de son auteur qui avait joué lui-même de tous les instruments pendant les séances de studio, cela valait probablement la peine de se défaire des quatre euros qui restaient encore dans mon portefeuille après avoir réglé les deux décas. Je me souvenais de « Both Sides », la chanson, que j’ avais bêtement jugée à l’ époque une resucée fracassante des morceaux de bravoure les plus rythmés de l’ex Genesis. Peut être grâce à l’océan de médiocrités sonores subies en deux décades, aujourd’hui j’ en apprécie les mélodies simples mais captivantes et le martèlement rythmique qui porte la signature si identifiable de Phil de la genèse. Et après ? « Can’t Turn Back The Years » une très belle balade sans gluten, de la dentelle mélodique et un joli glaçage de synthés atmosphériques, chanson reprise d’ ailleurs magnifiquement sur le dernier album de John Martyn avec Phil aux chœurs. Deux autres balades très méditatives mais gouteuses plus tard, Collins retrouve quelques racines folk mixées avec une instrumentation très moderne sur « We’re Sons of our Fathers ». Ai-je mentionné le chant à la fois fluide, expressif, jamais forcé, qui distille juste ce qu’il faut d’ émotion ? Un moment de mélancolie et de doute sur de délicates percussions, on n’ est pas loin d’un Peter Gabriel, avec un touchant « Can’t Find my Way ». Le chant et la batterie montent progressivement en puissance avec un « Survivors » dynamique, mais la surprise c’ est la basse qui trouve des progressions d’ accords très accrocheuses qui portent ce morceau très haut. Les deux chansons suivantes changent la donne avec quelques tonalités celtiques assez inattendues mais joliment tournées. Enfin survient ce qui je crois constituait le deuxième single, « We Wait and We Wonder », redoutablement évident, une fois encore le chant et la batterie emportent tout, les cornemuses tonnent et les guitares plaquent quelques graves accords pour chasser toute trace de doute, on a affaire à un travail de fond, inspiré et parfois doté d’un punch assez inattendu de la part d’un artiste qui mollissait à vue d’œil depuis une décennie. Aujourd’hui semi retraité accablé d’une semi surdité, Phil Collins a cessé depuis longtemps de risquer de saturer mon attention par son omniprésence médiatique. A tête reposée, je reconnais aujourd’hui que ce disque solo constitue un sommet de milieu (voire de fin) de carrière de la part d’un artiste qui ne cherche plus à prouver mais simplement à exprimer ce qui lui tient à cœur.

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