Hier je t'ai vue pleurer. Bien avant que ne ruissellent les larmes d'amertume, tes yeux sont devenus rouge, j'ai ressenti au plus profond de moi ces picotements qui rendent la situation insoutenable.
Que pouvons nous faire quand notre corps se lasse de nos mensonges et qu'il décide d'expulser ce sordide locataire qui s'est enkysté dans nos rêveries .
Ne plus s'aimer ce n'est pas implicitement se détester, ce serait tellement plus facile si nous pouvions nous déchirer. La tentation si grande soit elle, se minimise devant notre lâcheté à renoncer à tout ce que nous avions projeté.
Hier soir tu as repensé a ces paroles qui ont fait vaciller mon orgueil et ma rancune, tu me disais vouloir vieillir avec moi, c'était Gabin et Morgan dans le texte. Les sentiments qui m'habitent sont trop forts pour les laisser me gouverner, à tous ces bonheurs et ces peines je leur oppose la raison protectrice d'un imaginaire qui se nourrit d'inconscience.
Hier soir, tu voulais crier tes peurs, mais mon silence était si profond que tes pensées sombraient dans cet abyme. J'aurais pu te tendre la main, mais je ne voulais la prendre.
Nos chemins de croix s'éloignent et habillent nos solitudes de voiles argentés, tandis que nos curs battent une campagne désertifiée.
Hier soir tu as ravalé tes larmes, l'amertume projetait la toile de fond de notre passé orphelin d'un futur avorté.
Hier je t'ai vue pousser du pied sous le canapé notre amour qui venait de tomber de ta poche, ne voulant plus faire l'effort de te baisser pour le mettre sous ton mouchoir.
Hier je t'ai vue espérer un bonheur, les vibrations du portable que tu tenais serré dans ta main desserrait les mâchoires de l'étau qui maintenaient ton cur en émoi. Tu t'accroches au moindre signal de détresse comme unique bouée de sauvetage.
De cette vie que nous avons construite ensemble, quelle route commune devrons nous parcourir pour la déconstruire. Longtemps les futures ruines hanteront notre âme de bâtisseur à la recherche d'inspirations pour créer de nouveaux labyrinthes.
Comment se mettre d'accord sur nos désaccords et se retrouver pour se séparer
Nous n'aimons plus ce que nous avons aimé, et il va falloir désirer ce que nous n'aimons plus.
Alors trouvons un agrément pour toutes ces phrases que tu as prononcées et tous ces silences que je n'ai su rompre.
Je voudrais tant m'ouvrir les veines pour vider mon esprit de tout ce vide et de ces non sens qui m'ont envahi. Ecrire de mon sang le mal être de tout ce bonheur que je suis incapable de saisir.
Je voudrais comprendre toute cette misère du monde qui donne l'envie de vivre.
J'ai honte de voir tous ceux qui souffrent et qui trouvent la force de sourire.
Kbl
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