Puisque cest lusage dans cet endroit virtuel, pourquoi ne pas moi aussi vous faire part de mes états d âmes,de mes petites histoires ou de quelque aperçu amusant du grand foutoir de cette vie folle ?
De toutes façons ce texte n aura au mieux que la durée de vie des neuf dernières pages de commentaires affichés, le reste ayant depuis longtemps rejoint les limbes de linconscient collectif.
Hier encore je n étais qu un vieux novice incapable de décoder vos lignes de morse, les private jokes que vous aimez tant et les émoticônes semés comme des paillettes au fil des lignes.
Je ne les comprends pas plus aujourdhui, ou bien je ne fais pas l effort de.
J essaye juste de deviner qui vous êtes vraiment derrière tout le bric à brac de photos, affiches de films, vos absences d annonces et bribes d écrits qui serpentent au fil des pages.
Évidemment, chercheuses dextrême à la plume bien trempée dans l encre de la passion je sens vos ailes battre contre la cage de cette réalité étriquée.
Râleurs, râleuses qui crachent leur frustration, je ne vous laisserai pas polluer mon temps de votre malheur qui aimerait tant devenir contagieux.
Somme nous tous des éclopés de l amour qui posent des morceaux de leur être, espérant être remarqués, sur leur emplacement dédié de cette brocante de la rencontre ?
Et pourtant, je sens vos tentatives éternelles de trouver des alliés, plaire et dénigrer, rire et oublier, même si vous avez dautres dons que l écriture que je ne connaitrai jamais.
Le jour je travaille probablement comme vous, bataillant derrière mon écran ou tentant de démêler les écheveaux dun magma administratif en parlementant avec une voix au téléphone, comme un James Bond en charentaises. Moments plus réels pourtant que ces limbes électroniques doù éclorera peut être un contact tridimensionnel parmi la multitude de signes qui bombardent continuellement votre adresse dans la matrice.
Tentation dêtre plus ou moins réel ici, comme on réglerait le volume dune radio ou la mise au point dun appareil photo. Crainte du jugement et incompréhension parfois, tel un chômeur qui enverrait des dizaines de CV dans le vide spatial. Parfois je minterroge comme vous sur ce que je fous ici, et puis « j ai repris ce matin mon job à huit heures pile, et là j ai tout oublié » (William Sheller).
Cette nuit équilibre presque parfait entre les derniers feux de l été et la douceur de l automne commençant, je me sens calmé après ce moment étrange où j ai sué abondamment dans la boutique dune retoucheuse qui craignait que je ne m évanouisse. Mais non, ce n était que le symptôme dun environnement de travail surpeuplé et à l aération défaillante, ou bien quelque vertige existentiel.
Plus j avance en âge et plus l addition des prétendues « coïncidences » me fait me demander si notre vie nobéit pas dans les grandes lignes à un tracé prédéterminé : Les rencontres, les opportunités professionnelles et même le livre qui nous tombe « par hasard » dans les mains au moment où nous étions peut être au bord du gouffre.
Quelquefois ce qui n est pas dans les cartes ne peut être réalisé, et nous devons sans cesse nous rappeler de la chance que nous avons de posséder les richesses modestes mais essentielles dont nous jouissons tous les jours. Le couple est sans doute la « forme reine » de l amour puisque sa raison dêtre est en partie de perpétuer lhumanité, mais quiconque est entouré d amis, de famille et de collègues avec qui échanger reçoit souvent chaque jour sans s en douter tout ce qui lui permet de rester debout dans cette vie.
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