Un jour j'ai été un nain. par Xio Alarife

C’était un drôle de type. Des bras et des jambes dont il avait l’air de ne pas trop savoir que faire. Tous ses gestes étaient comme hachés, un peu comme ceux d’une marionnette à fils. Et puis il y avait sa voix : ça, c’était autre chose. Faut dire que quand il nous parlait, ça déménageait ! Me souviens plus de tout mais Andromaque, ça, je me souviens ! Sacré truc ces séances. - « Dis, dis… encore… relis. » - - « … » -« Tu dis « passe-moi le sel » ! , y dit « passe-moi le sel » ? » Et comme ça, petit à petit, et au bout un grand contentement. Je me souviens de la petite écume blanche au coin de ses lèvres. L’avait l’air fatigué, à la fin. Prenait ses bras et ses jambes et allait retrouver sa dauphine noire sur le pré de ce collège de préfabriqués planté au milieu de nulle part. A chaque fois ça m’émerveillait : mais comment donc rentrait-il ces bras, ces jambes dans ce truc tout petit ? Moi, j’étais certaine qu’elle se dissolvait dans l’air avant d’atteindre l’horizon, sa dauphine ! Et un beau jour: - « Vous aimeriez jouer une pièce de théâtre ? » Je suppose que la réponse a été « oui », ou alors ce n’était pas la question, peut-être ? En tous cas, voilà ce qui s’est passé : - « Bon, X. tu seras le nain, H. tu seras…. » (Zut ! Déjà que j’étais naine… le rôle du nain, en plus !) Distribue de drôles de livrets tous mous : couverture un peu rouge, un peu noire un peu… le papier presque couleur de pain d’épice. « Huon de Bordeaux » écrit dessus… (à suivre, peut-être)