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Lettre à ma petite squaw Lakota, par Zetino

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Petite squaw Lakota, Le soleil, à peine levé, hume déjà les brumes matinales des Grands Lacs, tes yeux malicieux naissent au jour, lumière chaude giclant dans le clair obscur du tipi, éclats de flèches rouges et jaunes sur mon être pâle électromagnétisé, et, malgré le massacre de Wounded Knee, tu m’accueilles en paix, nimbée d’une naïveté ancestrale, prête à l’échange, au troc, ouverte aux mondes naturels et surnaturels, oscillant entre la traditionnelle Sun Dance et la douteuse Danse des Esprits, mais confiante dans la bonté des hommes qui marchent debout, tu me souris d’amour fraternel, main levée en signe de bon jour, à l’écoute de mes mots braconniers, à l’affût de mes muscles tendus, car tu devines mon exploration prédatrice, mais tu ne crains pas l’inconnu, toi, l’amazone aux cuisses tannées par ton fidèle Nokota, arrière petite fille d’un chef victorieux à Little Big Horn, je dépose alors ma voie ferrée de dents lactées sur ta longue nuque vierge, tu courbes l’échine, ma machine à vapeur foule ta langue Sioux, frémissante sous les vibrations de wagonnets chargés d’adrénaline, tu te soumets, guerrière fière et libre, à l’aventurier romantique qui foule sans pudeur ta terre immaculée, mère des mystères de Wakan Tanka, l’empreinte de mes pas sur tes plaines souille la mémoire de ton peuple nomade, de tes héros légendaires, Crazy Horse, Sitting Bull, Red Cloud et bien d’autres moins célèbres et pourtant aussi courageux dans les batailles, mais tu n’es jamais vaincue, chasseresse aux Sept Feux, car plus je m’enfonce en ton avenir déculturé et plus je perd mes racines européennes, et tandis que l’amer indien dénaturalisé sort son couteau pour graver sur un totem en hickory ses souvenirs humides, j’honnis mes conquêtes sauvages, j’exècre mes élans colonisateurs, j’abhorre ma civilisation destructrice, je pleure les morts innocentes, je dénonce la détribalisation par le biais d’enfants scolarisés sous le joug du christianisme, je regrette les massacres de bisons, je dénonce la répression culturelle, et, nostalgique, j’écoute tes chants en fumant la pipe sacrée Kannunpa Wakan avec tes frères, petite squaw Lakota, toi qui, certaines nuits, à Black Hills, chantes, au son des flûtes et des tambours, l’histoire de ton peuple et les injustices des envahisseurs blancs , puis, lorsque le désir te commande, l’on se rejoint dans l’intimité de nos corps, debout, pliés, agenouillés, couchés, vautrés, mais dignes… Zetino Toulouse, le 16 octobre 2011 "Quand vous aurez coupé tous les arbres, pollué toutes les rivières, enfermé tous les animaux, alors peut-être comprendrez-vous que l'argent ne se mange pas". Lakota inconnu Pura Fé (origines : tributs Tuscarora, sixième nation Iroquois) http://youtu.be/sV6lMeDhDE4

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