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Je vous tire mon chameau, ou, de l'art de découvrir des zanimos sur un site de rencontres par Spalliere

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L'histoire du douxième chameau ? la voilà. « Un vieux bédouin, sentant sa fin prochaine, appela ses trois fils, pour partager entre eux ce qu'il lui restait de biens. Il leur dit : mes fils, je lègue la moitié de mes biens à l'aîné, le quart au second, et toi, mon dernier, je t'en donne le sixième. À la mort du père, les fils se trouvent bien perplexes car les biens du père n'étaient autre que onze chameaux. Comment partager ? LA guerre entre les frères semblait inévitable. Sans solution, ils se rendirent au village voisin, quérir les conseils d'un vieux sage. Celui-ci réfléchit, puis hocha la tête : je ne peux pas résoudre ce problème. Tout ce que je peux faire pour vous, c'est vous donner mon vieux chameau. Il est vieux, il est maigre et plus très vaillant, mais il vous aidera peut-être. Les fils ramnenèrent le vieux chameau et partagèrent : le premier reçut six chameaux, le second trois et le dernier deux. Restait le vieux chameau malingre qu'ils purent rendre à son propriétaire. » { François Ost, de la Facultés universitaires Saint-Louis, à Bruxelles, propose une page sur la toile qui analyse cette histoire sous différents angles http://www.dhdi.free.fr/recherches/etatdroitjustice/articles/ostdouziemechameau.htm } Je me tiendrai à l'histoire telle qu'elle est racontée par Vinciane Despret et Isabelle Stengers dans leur ouvrage et vous propose quelques pistes qu'elles y associent et qui résonnent pour moi. « Think we must ». C'est ce que dit Virginia Woolf, dans "Les trois guinées", en 1938, livre en forme de lettre en réponse à la question : "comment faire pour empêcher la guerre ?". Les auteures citent un livre de 2006, qui explique pourquoi il n'y a pas de femmes philosophes... Ni hasard, ni oubli, ni simple retard selon l'auteur du livre en question. Entre la philosophie telle qu'elle se pratique et ce qui fait penser et parler les femmes, il n'y a pas grande affinité. La philosophie a exclu de son champ et se ses usages des manières de dire, de penser, de sentir, d'être affecté, de parler de cet être affecté - toutes manières qu'on peut rattacher au féminin, sans toujours trop bien savoir si les femmes sont les spécialistes de ces usages ou s'en sont saisi comme des RESTES d'un banquet dont elles ont été exclues... Donner sa place aux émotions dans les réflexions, cela pourrait être aussi un rôle de douxième chameau. C'est en tous cas ce que les deux auteures me suggèrent. Ce serait aussi une des formes que peuvent prendre ce que les femmes font à la pensée (la question de leur ouvrage). Gilles Deleuze qualifiait de "honteuse" une déclaration de Leibnitz, qui assignait à la philosophie la création de concepts nouveaux, à condition de ne pas "renverser les sentiments établis". S'y opposant, Gilles Deleuze a appris à son élève (Isabelle Stengers), que la philosophie peut être comme un flux vivant irriguant des zones d'expérience qu'on a cru hors pensée, où dont on ne sait même pas qu'elles existent. Cette assertion sonne très juste pour moi aussi. La solution du douxième chameau ne promet aucun miracle, elle répond au choix des frères de donner une chance à la paix. Si penser nous devons, penser c'est créer, et la solution du vieux sage replace la question de l'héritage dans un espace avec une dimension supplémentaire. Cette dimension correspond à l'inconnue qui, rétroactivement, devient une partie de la question. Comprendre une telle suggestion, celle du douxième chameau, autrement que comme arbitraire, c'est comprendre ce qu'elle rend possible. Le douxième chameau ayant fait son office, il disparaît de la scène. La page est tournée, les habitudes de pensées se sont modifiées, d'autres pourront demain prendre le relais. Je vous tire donc ici mon chameau...

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