En lisant le beau commentaire de "Claire voyage" sur "Aimer sans dévorer" de Lytta Basset, un mot m'a interpellé "ha^ne" - qui peut se lire "haine" ou "âne", entre autre.
Mais j'ai aimé l'ensemble du propos, parce qu'il décrit la posture que j'ai adopté souvent dans ma vie.
Je n'ai pas échappé pour autant à la Loose - le laisser aller, la lâcheté des losers - pas tout le temps en tout cas.
Il s'agissait de prendre des risques. Le risque d'aimer, mais aussi despérer, d'entreprendre, dexprimer. Il s'agissait d'oser être soi-même malgré des petits risques, comme celui d'être moqué, ou d'être ridicule. Ceux et celles qui m'ont croisés de ce site, ou d'ailleurs, savent combien je suis susceptible de prendre certains risques.
Mais ce n'est pas non plus sans les avoir mesurés - il m'a fallu souvent vaincre mes craintes, et je l'avoue une certaine pusillanimité. Je l'ai fait quand même et ne le regrette pas.
Si je le précise c'est parce qu'il y a sur ce site des gens dont à lire les textes et leurs descriptions, à les voir évoluer en un an, je sais qu'ils ont de ces démarches lourdes et pesantes parfois à mener sur eux mêmes et leurs entourages pour goûter le monde, pour y prendre part, et je voudrais ici leur confirmer que "oui, on peut", pas toujours pas tout le temps, mais ça arrive, ça arrivera.
En matière de risque ma devise est celle du loto "100 % des gagnants ont tenté leur chance" ; et si pour le loto les probabilités laissent à réfléchir, il est des chances dans la vie dont le pari est plus avantageux.
Le risque, l'instabilité, est lié à la vie. Ce qui est certain c'est la mort. Être vivant c'est baigner dans le risque, positif ou négatif. Ceux qu'on prend sont ceux qu'on choisit, mais en ne choisissant pas on ne fait que subir.
Il ne faut pas "prendre des risques", il faut choisir ses risques.
Lytta BASSET est un pasteur protestant, et aussi une théologien ne. Ses ouvrages traitent d'une théologie moderne éclairée d'autres sources que les traditions chrétiennes.
En m'intéresant, un peu , superficiellement, à ce qu'elle professe, j'ai retrouvé pas mal des postures et des principes moraux que j'applique plus ou moins bien à ma vie, que nous avons transmis à nos enfants avec mmon ex-épouse, nonobstant nos avatars individuels.
Oser être soi-même, choisir l'authenticité, avoir en ligne de mire une sorte de surhomme nietszchéen, c'est se donner à soi-même la chance d'atteindre à la vertu qu'Aristote mettait au dessus de toutes les autres,
le courage.
Humbles vermisseaux nous tremblons, et peu importe la grandeur qu'on ait on sera toujours les pieds sur terre et la tête au vent pliant pour ne pas rompre - accepter sa condition, pas s'y résigner demande du courage. Chaque seconde en demande parfois.
Aimer malgré soi, malgré le passé, tenter, s'avouer sa faiblesse, son urgence, ou ses peurs, accepter qu'on doive se confronter à l'autre pour pouvoir espérer que lui vous accepte, s'il vous aime, ça en demande aussi.
Ne pas renoncer après un deuil, laisser passer sa peine. Assumer qu'on survit quand l'autre n'est plus là et que peut-être on a mal fait, BASSET a perdu un fils qui s'est suicidé, demande un certain courage. D'autres mots viennent se superposer, pour décrire les voies dont il s'exprime. Résilience, indignation. Ce qui sou-tend ces modes de vie s'appelle le courage.
Dans le combat on parle aussi de bravoure. Mais le plus grand courage on doit lavoir par rapport à soi même.
Parmi les titres j'en avais trouvé un qui me parlait plus, "la sainte colère". Le fait qu'un individu se mette en colère pour protester, et agir dans la mesure de ses moyens contre un système religieux ou philosophique qui va à l'encontre de ce que son expérience actuelle lui fait vivre.
L'exemple biblique est JOB dont Dieu par expérimentation a pris ses richesses et tous ceux quil aimait. Pour l'éprouver, Job étant un trop brave homme, trop pieux.
Le livre de JOB, une lecture pas si facile mais loin d'être dénuée d'enseignement, décrit les discussions que JOB a avec ses amis, pieux aussi, pour le dissuade de renier DIEU. Il ma aidé une fois à y voir plus clair, à délimiter mon malaise.
DIEU finit par donner raison à JOB pour sa "sainte colère".
Aujourd'hui on parle beaucoup d'indignation. La réfèrence divine n'a plus tellement cours, mais nous invoquons des termes comme humanité, ou justice que DIEU s'il existe agrèerait sans doute.
J'ai ressenti une "sainte colère" cette année. Face à de vraies injustices iniques que j'ai subies de la part d'un employé de préfecture ou par la lenteur anormale de la justice.
Les responsables s'en sont excusés. Tempête dans un verre d'eau me concernant, je ne suis pas à plaindre, vraiment.
Sur des tous petits faits comme ceux-ci, où le froid de l'iniquité ne fait qu'un petit coulis d'air, un frisson sur l'échine, on perçoit ce qui fat la différence entre la frustration colérique, et la vraie anomalie contre laquelle on doit se révolter.
De cette sorte d'indignation j'en ai eue pour des personnes que j'ai aimé cette année, ici ou ailleurs, d'une manière ou d'une autre. Et j'ai aimé presque tout le monde.
Devant certaines résignation fort compréhensibles, certes, mais ne même pas essayer ?
Devant la négation de certaines évidences, pour ne pas contrevenir aux conceptions quon a. Une sorte de bùcher miniature pour un tout petit Giordano Bruno.
Mais à chaque fois la frustration s'y mêlait, troublait mon propos et "à quoi bon". Je guéris les malades et apaise les maux mais je ne peux pas être partout (auto-dérision).
Et puis le rejet mème sans explication, ou par a priori fait partie de la vie. J'ai joué aussi.
Enfin il y a ce livre "culpabilité, paralysie du coeur". J'aime la culpabilité, c'est une chose noble. Sans culpabilité possible pas d'honneur ou de dignité, pas de justice et d'équité.
Autant je prends ma liberté quand je le choisis, autant j'examine ma culpabilité, avant ou après.
Aimer c'est souvent, tout le temps, risquer de déplaire à l'autre ; pas seulement qu'il nous rejette, mais surtout lui causer du désagrément de diverses manières ( que je ne développerais pas nayant pas vocation à faire votre éducation sentimentale non plus), et même sans lui vouloir du mal, juste en étant là parfois.
Pour aimer il faut avoir expié ses fautes précédentes. Que ces fautes soient réelles, légères aux conséquences lourdes, ou imaginaires.
Il faut s'être pardonné.
La religion y aide en ce qu'elle fournit des rituels, une réfèrence à l'aune de laquelle on peut mesurer sa faute, et lui donner une fin par l'expiation. Toutes choses qui permettent à la personne raisonnable de sappliquer à se remettre en chemin.
Dans celles que je connais un peu en tout cas.
Pour nous dont les religions ont bien du mal à pénétrer le scepticisme, il faut bricoler.
Ha quel bonheur d'être aimée d'un bricoleur (c'est ma pub, mensongère - mais on peut se l'aproprier au féminin si on veut ).
Aller simple pour se taire. Désolé.
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