Mais être quand même Emma...
Quand un successeur de Flaubert s'amuse à faire du Zola et du Gondry, et que les choix de Berthe sont parfois cornéliens...
Ce com est pour Jamaouse, tzigane, amordi amor et tous les lectrices-lecteurs de pcc et d'ailleurs. C'est un com ancien pas mal remanié. Il traite du livre dont on avait parlé à un concert-picnic cet été : La fille d'Emma.
Les bibliothèques sont des mines et on y trouve des pépites. Ce livre en est une, d'or noir.
Emma Bovary, même ceux qui ne l'ont pas lu, en ont été marqués. Ce personnage incapable de s'adapter à une réalité médiocre, qui fuit la vie à travers les rêves et se perd en chemin. Comment Flaubert a réussi à se glisser dans la peau d'une femme et à nous faire croire et vivre ses sentiments et sensations ?... En tous les cas, il y a réussi et Emma Bovary est un chef d'uvre. Déprimant mais superbe.
La fille d'Emma, écrit par un auteur contemporain raconte une tranche de vie, celle de Berthe, la fille de... Rappelez vous la fin dEmma Bovary. La naissance et lexistence de Berthe est juste évoquée sur une demi-page, Charles après la mort dEmma sen est occupée, mais il est mort assez vite et Berthe a grandi et sest fait toute seule avec une mère disparue et un père déprimé puis disparu lui aussi.
Ainsi, le livre « la Fille dEmma » nous fait redécouvrir Berthe, qui à 40 ans, revient sur les traces de son enfance, à Yonville.
Berthe qui ressemble à sa mère tout en étant plus lucide sur la vie, Berthe qui tente de comprendre sa vie à travers celle de ses parents et va se confronter à Homais, à Léon et au fantôme de Rodolphe.
Claude Henri Buffard a une écriture limpide, directe et cruelle. Aussi cruelle que les révélations et les évènements qui jalonnent le chemin de Berthe.
Psychologiquement, il dresse un portrait saisissant de cette femme forte et fragile, froide mais passionnée ; comme Flaubert, il devient elle et femme, mais c'est aussi sans concessions qu'il décrit la faiblesse des hommes et leur lâcheté, et leur méchanceté, et leur orgueil. Son écriture est un scalpel qui met à nue l'âme humaine qui est loin d'être belle, et cruelles sont les punitions infligées par la vie et le romancier quand il se déchaîne : Ah, ce passage sur Rodophe, rarement j'ai lu quelque chose d'aussi noir et pourtant daussi jouissif (je nai jamais aimé Rodolphe) !
C'est court, beaucoup plus court que le roman initiateur de Flaubert et aussi effectivement noir mais lumineux, car l'écriture est magnifique. On dirait ce livre écrit par Flaubert même si, même si, sans doute, lécriture est différente et contemporaine et cela donne envie de relire l'original.
Et puis sans dévoiler la fin, jai aimé le clin dil à la Gondry, que lauteur fait à Flaubert sur les dernières pages.
Comme je lai lu il y a bien maintenant plusieurs années, je serai curieuse de le relire pour voir si jaccroche toujours autant. Et je suis aussi curieuse de vos réactions si vous lavez lu ou que vous avez envie de le lire. Nhésitez pas à mettre vos réactions sur le com, même en dehors des 3 jours fatidiques de vie, cest un com lecture. Et la lecture, toujours on y revient.
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