La Toussaint était arrivée avec son cortège de nuages et ses jours écourtés. Deuxième vague de solitude annuelle qui vous emporte en son monde virtuel. A l'approche de l'été les foules qui s'extériorisent vous rappellent que vous êtes seul au monde, en novembre après avoir fleuri leurs proches plus bas qu'ici, elles vous font rentrer dans cette solitude intérieure qui vous pousse à vous pendre à votre clavier qui vous sert de ligne de vie.
Les chrysanthèmes à peine fanés, les catalogues de jouets et de cadeaux en tous genres bourgeonnent à foison sur les pages défilant sur les écrans vidéo.
Cette année il s'était décidé pour faire l'acquisition d'une poupée Russe, sa Baby Doll comme il disait, serait un ersatz de virtuel et de réalité. Il ne voulait plus se retrouver seul le soir quand il rentrait chez lui. Son plus cher désir était d'avoir un mannequin en face de lui à table, trouver une main sur le canapé quand il regardait la télé, et bien sûr ne plus laisser ses bras inoccupés toute la nuit durant.
Avec son faciès taillé à coups de serpe, sa diction mal assurée qui le faisait reprendre chaque mots avancés à contre sens pour ne pas finir ses phrases, une prédisposition pour s'habiller de transparence, il savait que la femme de sa vie était descendue une station trop tôt.
Il s'était documenté très méthodiquement, d'abord il avait consulté la filière américaine, la chef de file Barbie l'avait assez rapidement désintéressé par son manque de convivialité, seul l'esthétique était privilégié au détriment de tous les autres paramètres fonctionnels.
Les Taïwannaises bénéficiaient de superbes finitions, étaient certainement les plus raffinées mais manquaient de robustesse à l'épreuve du temps. Ces poupées étaient très fleurs locales et leur exotisme marqué risquait d'être lassant à terme, il se dit que pour une deuxième acquisition cela pouvait se justifier.
Les pays de l'est depuis une vingtaine d'années s'étaient spécialisés dans le business du sexe en tous genres, et étaient devenus les leaders sur ce marché.
Très rapidement il s'orienta vers une fourniture Ukrainienne. Après avoir rempli un formulaire technique où il avait fourni ses mensurations personnelles: taille du sexe longueur et diamètre au repos et en activité, angle d'inclinaison, coefficient de rugosité de la peau, pression artérielle maximale, il dut définir les caractéristiques physiques et esthétiques qu'il souhaitait pour sa Baby Doll.
Les réseaux Russes du marché du sexe s'étaient professionnalisés et s'étaient dotés de moyens techniques et humains considérables.
Après avoir fait la saisie informatique de toutes les données du dossier de leur client et modélisé la matrice de l'enveloppe charnelle de sa future Baby Doll, ils lui proposèrent un show room en visio-conférence avec de vrais mannequins qui défilèrent devant des webcams pour qu'il puisse choisir: poitrine, cuisses, fesses et tous les atours de son projet.
Plusieurs silhouettes numériques véritable portrait robot en 3D lui furent proposées pour qu'il arrêta son choix.
En phase finale de la conception il choisit la teinte de la peau, la chevelure, et les poils pubiens.
Trois jours avant Noël tous les magasins et boutiques battaient le plein. C'était le grand jour nerveusement il ne cessait d'aller à sa fenêtre regarder dans la rue, il y avait de nombreux va et vient des camions de livraison en tous genres, des véhicules DHL, Chronopost mais sa poupée n'était toujours pas en vue.
Quand la sonnerie retentit à la porte d'entrée, il comprit qu'il avait raté de peu son arrivée, il se précipita pour aller ouvrir la porte.
L'employée lui souriait, mais en vain il cherchait la caisse contenant le précieux colis. Dans un français des plus approximatifs elle lui expliqua qu'elle s'appelait Natacha et qu'elle avait été sélectionnée parmi quelques milliers d'ukrainiennes qui attendaient de venir se marier en France.
Elle ajouta être la plus représentative de ses critères de sélection, et en entrant dans l'appartement lui demanda s'il préférait qu'elle aille à la cuisine ou au lit.
Lcm
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