Je laisse à Julien Clerc le soin de hurler joyeusement ses paroles de Dabadie à la face du monde et pour ma part je m'abstiendrais d'une telle généralité. Certes, il est vrai qu'à leur décharge, Marine et Nadine, qui riment étonnement avec divine, n'étaient pas encore auréolées de la lumière médiatique qui les entoure aujourd'hui. Cependant, en 1982, date de la création de la chanson Maggie Thatcher avait déjà pris le pouvoir au Royaume-Uni, affamé les grévistes de l'IRA et déclencher une guerre aux Malouines, qui moins étonnement rime également avec Nadine et Marine, Saint-Maclou étant officiellement reconnu comme le protecteur des marchandes de tapis aux dents rayant le parquet. Bref la Dame de Fer n' en était pas à son clou d'essai et Renaud, que l'on peut effectivement créditer d'un don de double vue, l'avait épinglé même si ce n'est que 3 ans plus tard qu'il mettra en évidence que l'on peut aimer toutes les femmes à part peut-être... et je vous laisse conclure pour ne pas m'attirer les foudres du Fan Club français de Maggie, le bien nommé « Avec elle ça bouge ». Mais cessons de parler d'elle, puisque à la veille de se confesser à l'éternel, elle a du oublier la plupart des méfaits qu'elle a commis lors de sa trop longue carrière.
Ce que je souhaitais partager avec vous avant de m'égarer quelque peu en perfide albion, c'est que non, je ne peux dire que j'aime toutes les femmes, les deux références actuelles précédemment citées étant d'un poids suffisamment conséquent pour faire renoncer ma balance interne à une si navrante généralité.
En effet, aimer toutes les femmes, c'est un peu comme dire j'aime les chats voire les chiens même si je ne peux comprendre cette seconde assertion ni l'entendre par ailleurs sans devoir réprimer un début de nausée. C'est mignon, ça fait ron-ron, ça fait où on leur demande de faire et si jamais ça sort ses griffes, une bonne claque sur la truffe permet de réfréner cet enthousiasme naissant pour la violence. Je parlais bien évidemment des chats, au cas où certains auraient un doute sur la cible évoquée dans les mots précédents.
Tout ça pour vous dire qu'aujourd'hui encore j'ai l'impression que les choses n'ont pas vraiment changé et que les femmes restent ces petits animaux innocents qu'on se doit d'avoir pour sortir en soirée.
Heureusement la Cours de Justice de l'Union Européenne a souhaité, grâce à une décision des plus courageuses qui restera dans les annales de l'histoire, avec un ou deux n d'ailleurs, lutter contre la discrimination qui touche aujourd'hui les femmes et bientôt, ces dernières pourront payer leurs assurances autos ou santés aussi cher que leurs homologues masculins (1). Si ça ce n'est pas afficher une volonté ferme de combattre toute forme de discrimination, je ne m'y connais pas.
Alors certains esprits chafouins pourraient toujours prétendre qu'à l'heure où même les partis d'extrême-droite se féminisent - confère un article de Der Tagesspiegel dans Courrier International - bien que les femmes doivent d'abord torcher le cul de leurs gamins avant de rédiger des tracts des fois qu'elles les confondent avec le PQ, on aurait pu attendre des décisions plus éclatantes, plus flamboyantes voire plus décisives pour l'avenir de la moitié de l'humanité mais c'est grâce à ce genre de petites choses, qu'un jour les femmes n'auront plus besoin de porter la barbe en collectif pour entrer dans certains conseils généraux(2).
Cette décision de la CJUE m'évoque le dernier film de Lioret « Toutes nos envies » que je vous conseille volontiers même si parfois on a parfois l'impression de voir Zola réédité chez Harlequin ou encore Barbara Cartland visitée par Dickens. Ce film reprend le roman d'Emmanuel Carrère « D'autres vies que la mienne », lui même inspiré de l'histoire authentique des « juges rouges » Juliette Devynck et Etienne Rigal(3) qui luttèrent bec et ongles contre le système des crédits et réserves d'argent ne cessant d'accroitre la misère d'un grand nombre afin de voir fleurir les profits de quelques uns sur les vertes prairies de notre bonne vieille société de consommation.
Ici aussi, c'est la cour européenne de Justice qui se montre décisive en autorisant le juge a relever les dispositions du code de la consommation, comme la taille de caractères obligatoires dans un contrat, en lieu et place du défendeur assigné. Bien évidemment cette jurisprudence a permis d'aider de nombreuses personnes mais la décision de la cour européenne est fondé sur le respect d'une concurrence non faussée entre les différents organismes préteurs. Autant dire que l'important pour la cour est la possibilité de faire du profit pour tous les prêteurs et non pas de défendre les arnaqués.
La dictature de l'économie qui nous régit aujourd'hui n'a rien à envier à celle prônée en son temps par Margaret et pour le coup, elle, ne fait aucune discrimination entre hommes et femmes lorsqu'il s'agit du passage à la caisse. En revanche, Julien pourrait hurler : « Pauvres, je vous saigne » !
(1)Tarifs d'assurance : la parité va coûter très cher aux femmes : http://www.latribune.fr/vos-finances/assurance/auto-moto/20111207trib000669580/tarifs-d-assurance-la-parite-va-couter-tres-cher-aux-femmes.html
(2)Le Conseil général et la journée des femmes à barbe :http://www.ensemble-pour-orgeval.fr/?p=6577
(3) « Le bon juge » a toujours raison : http://blog.dalloz.fr/2009/04/%C2%AB-le-bon-juge-%C2%BB-a-toujours-raison/
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